DÉCARBONATION. Dans la continuité des mesures de sobriété énergétique, l'administration centrale ambitionne de diviser par 5 ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050. Pour y parvenir, elle envisage de faire sortir de terre plusieurs centaines de centrales solaires.

Après la sobriété énergétique, la décarbonation. Alors que le risque de coupures d'électricité pour cet hiver est désormais écarté, l'État, qui considère d'ailleurs avoir rempli ses objectifs de réduction de sa consommation d'énergie, veut néanmoins aller plus loin. Le Gouvernement ambitionne en effet de diviser par 5 les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'administration centrale d'ici 2050.

 

 

Le ministre de la Transformation publique Stanislas Guerini a reconnu auprès de l'AFP que "le plus dur est devant nous". Il s'agirait en effet d'abaisser les émissions polluantes des services de l'État à 2 millions de tonnes d'équivalent CO2 (dioxyde de carbone) par an à horizon 2050, contre 10 millions de tonnes à l'heure actuelle.

 

Des émissions qui devront être compensées par des projets de décarbonation spécifiques : "Il va falloir élargir le champ d'action, ne pas se concentrer que sur les sujets de sobriété énergétique mais aussi appréhender les questions de déplacements, de commande publique, de numérique éco-responsable, d'alimentation...", a énuméré Stanislas Guerini.

 

Parmi les pistes explorées, celle d'une autoproduction partielle de l'énergie décarbonée consommée par l'administration. En déplacement dans la Vienne vendredi dernier, le ministre a justement inauguré sur le toit de la Direction départementale des territoires (DDT) le premier parc photovoltaïque d'une série de 300 centrales destinées à alimenter les bâtiments publics d'ici 2025. Un vaste projet pour lequel un budget d'environ 50 millions d'euros hors taxes a été débloqué.

 

L'autosuffisance n'est pas le but recherché

 

Depuis le raccordement de la DDT de la Vienne au réseau en décembre 2022, "on a mis en service une deuxième installation, un bâtiment du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) à Bron", près de Lyon, indique Cécilia Reilhan, la responsable du déploiement des 300 parcs de l'État. "On travaille sur beaucoup d'autres projets : la cité administrative de Limoges, l'école de gendarmerie de Tulle, un bâtiment de l'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) à Bordeaux...", poursuit-elle.

 

 

Nonobstant les 300 parcs solaires, 45 centrales seront également installées au sol, a encore précisé la responsable. Mais l'autosuffisance n'est pas le but recherché, comme en témoigne l'installation inaugurée à Poitiers qui fournit "seulement" 43% de la consommation d'énergie du bâtiment de la DDT. En outre, les 300 sites ne suffiront vraisemblablement pas à décarboner la totalité du parc immobilier de l'État, lequel comptabilise pas moins de 190.000 bâtiments dans tout le pays.

 

En outre, les fonctionnaires sont appelés à continuer à faire preuve de sobriété au quotidien. Le fait qu'une production d'énergie d'origine renouvelable soit créée n'équivaut pas à "un droit à consommer" pour les agents publics qui en bénéficient, avertit Cécilia Reilhan, qui craint un "effet rebond" de la consommation.

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