SALON. Le rendez-vous de la construction qui se tient à Rennes pendant trois jours monte en puissance depuis plusieurs années. Et cette édition ne semble pour l'heure ne pas faire exception à la règle.

Avec 1.040 exposants et un minimum de 40.000 visiteurs attendus, le salon Artibat offre à voir, entre autres, 52 nouveautés produits inédites. Désireuse d'être en phase avec les grands enjeux contemporains du secteur de la construction, la manifestation professionnelle régionale innove également avec un espace dédié au recyclage et à la valorisation des déchets. Autre grande première sur le salon : un campus formation organisé par la Capeb Pays-de-la-Loire. Un espace sous forme de sept ateliers pratiques qui fait le pari de sensibiliser les artisans et les jeunes aux thèmes porteurs du moment : les matériaux biosourcés, la gestion des eaux de pluie, ou encore, côté prévention, les gestes qui sauvent sur les chantiers.

 

Un cru "exceptionnel"

 

Peut-être la méthode Coué, mais c'est un fait : Valérie Sfartz, la directrice du salon Artibat, est d'ores est déjà satisfaite de l'édition 2023. Bien que le salon n'en soit pas encore à l'étape du bilan définitif, la patronne du rendez-vous régional annonçait quelques heures après l'ouverture des portes de l'événement organisé au Parc Expo de Rennes un cru "exceptionnel". Un adjectif basé sur des chiffres : 1.040 exposants, soit 40 de plus que la jauge autorisée dans un espace de 65.000 m2 situé aux portes de la capitale d'Ille-et-Vilaine.

 

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D'autant que les exposants sont, depuis la naissance du salon il y a 35 ans, devenus des fidèles, avec un taux de renouvellement des espaces aujourd'hui porté à 75%. Il aura donc fallu aux organisateurs pousser les murs pour espérer accueillir davantage de visiteurs dont le nombre devrait dépasser le plafond historique et emblématique de 40.000. "Le nombre de pré-enregistrements a été beaucoup plus important cette année que lors des éditions précédentes, ce qui nous laisse espérer un visitorat supérieur", confirme Valérie Sfartz. "S'agissant des exposants, nous avons également dû refuser un certain nombre de participants avec notamment une quinzaine d'entreprises du segment de la menuiserie industrielle qui sont demeurées sur liste d'attente faute d'espace d'exposition disponible".

 

Un salon franco-français

 

Des exposants qui demeurent bien franco-français, avec des marques à fort ancrage national puisqu'une nouvelle fois, à peine 10% des acheteurs d'espace appartiennent au "hors France". L'une d'elle est péruvienne, mais elle s'affiche clairement comme faisant exception à la règle d'un salon qui, parce que régional, demeure un rendez-vous qui rayonne principalement à trois heures autour de Rennes. Ce qui inclut la région très dynamique du sud-ouest avec les départements des Pays-de-la-Loire et de la Vendée.

 

Pas étonnant dès lors que des industriels de la menuiserie qui ont largement investi ces départements se soient pour quelques-uns retrouvés à la porte du Parc Expo. Un salon qui rayonne géographiquement, mais qui pour cette édition a souhaité innover dans son organisation même en créant de nouveaux espaces d'innovation nommés simplement "temps forts". Le premier, l'atelier "construire en bio-sourcé", permet pendant les trois jours du salon d'assister à des démonstrations sur les isolants conçus à partir de matériaux naturels tels que la fibre de bois ou la laine de coton recyclé. Le potentiel de la terre en enduit ou en brique est également exposé aux visiteurs, tout comme le chanvre avec la construction en direct d'un mur banché. Pour la paille, l'atelier donne à voir également le montage d'un mur avec un mélange bois/paille.

 

Second temps fort : un focus sur le recyclage de déchets généralement peu ou pas valorisés comme des plastiques, des profilés ou des sanitaires. L'espace d'exposition "No Waste" mis en place en partenariat avec l'École de design de Nantes Atlantique se veut ainsi un lieu d'éveil à cet enjeu écologique majeur. "L'objectif est de sensibiliser les visiteurs à la gestion des déchets afin que les professionnels ne voient plus les bennes sur chantier comme de simples réceptacles mais comme des équipements qui récupèrent des produits de seconde vie qui sont transformables en raison de leur potentiel", précise Valérie Sfartz.

 

Découvrir le monde de la construction en 10 minutes

 

Dernier temps fort inédit : le "campus formation, 10 minutes pour comprendre". Pour la première fois sur le salon Artibat, une animation montée par la Capeb Pays-de-la-Loire permet au travers de sept ateliers de se familiariser, sur un chrono symbolique de dix minutes, avec des techniques métiers, des matériaux biosourcés ou encore des actions de prévention des risques sur les chantiers.

 

Découverte de la paille ou du chanvre, gestion des eaux de pluie afin de préserver les ressources en eau, entretien et maintenance de chaudières bois, pose de menuiseries, gestes qui sauvent ou encore mesures de précaution pour le travail en hauteur..., ces espaces très didactiques se veulent tous des éclairages sur des sujets d'actualité qui traversent le secteur de la construction. "Il s'agit via ces ateliers de donner des éclairages brefs à des artisans mais aussi à des jeunes qui entrent dans le métier, précise Sandrine Mallet, responsable formation à la Capeb Pays-de-la-Loire. Cela peut également être très pratique pour un artisan qui éprouve des difficultés à vendre des contrats d'entretien à ses clients par méconnaissance des interventions à conduire sur ce type d'installations et qui découvre une simplification des étapes qui peut le pousser à se former en ce sens".

 

La Capeb entre exaspération et optimisme

 

La Capeb, également présente sous forme de représentation nationale avec la la venue sur le salon Artibat de son président Jean-Christophe Repon, n'a pas manqué de rappeler que le secteur de la construction connaît des difficultés conjoncturelles sérieuses. Tablant pour 2023 sur une récession à -0,5% ou -1%, Jean-Christophe Repon n'a pas omis dans les allées du salon de revenir sur les thèmes chers au syndicat patronal : baisse de la TVA à 5,5% sur les matériaux dédiés à la rénovation énergétique, taux d'intérêt réduits des crédits bancaires pour les particuliers, réorientation des dispositifs MaPrimeRenov afin de mieux servir les TPE, baisse du prix des matériaux de construction.

 

Jean-Christophe Repon (Capeb)
Jean-Christophe Repon (Capeb) © S.C. pour Batiactu

 

Un président de syndicat qui a une nouvelle fois fait part de son incompréhension face au silence répété du gouvernement qui a par trois fois selon lui annulé une rencontre Capeb-ministre du Logement. Pas du goût de Jean-Christophe Repon qui confirme son "exaspération face à un manque de respect notoire des 600.000 entreprises que la Capeb représente". Nonobstant, et parce que présent sur Artibat dont son syndicat est l'organisateur, l'ancien joueur de rugby a toutefois évoqué "la belle énergie dégagée dans les allées du salon avec des innovations très pertinentes et peu onéreuses. Cela prouve s'il en faut que le dynamisme se trouve du côté des entreprises de petite taille qui viennent à ce type de manifestations pour découvrir des solutions notamment dans les secteurs de la construction biosourcée.". "Ce sont aussi des hommes et des femmes qui s'intéressent de très près au thème de la pénibilité au travail. L'optimisme se trouve dans les allées du salon Artibat". Un optimisme à retrouver jusqu'à vendredi 20 octobre, jour de fermeture avant le prochain rendez-vous fixé en 2025.

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