RISQUE. Favorisé par le changement climatique, le retrait-gonflement d'argile (RGA) menace de plus en plus de bâtiments en France. Afin d'accompagner les ménages concernés, le gouvernement a annoncé, juste avant de tomber, le lancement d'une expérimentation de prévention.
En France, plus de 3 millions de maisons individuelles sont exposées à un aléa retrait-gonflement d'argile (RGA) fort. Ce risque n'est pas sans impact sur les assurances, puisque "70% du coût des indemnisations catastrophes naturelles liées aux bâtiments résultent du RGA sur les cinq dernières années", rappelle l'exécutif. Afin de protéger les habitations face au phénomène, le gouvernement a annoncé, juste avant le vote de confiance du 8 septembre 2025 qui l'a fait tomber, le lancement d'une expérimentation d'aide à la prévention.
Cette expérimentation aura lieu dans onze départements particulièrement concernés. Leurs habitants pourront bénéficier, sous condition de ressources, de subventions pour financer des diagnostics de vulnérabilité et des travaux préventifs. Les premiers dossiers pourront être déposés dès octobre 2025 et les diagnostics et travaux seront déployés à partir du dernier trimestre 2025.
Un taux de financement pouvant atteindre 90%
L'aide s'adresse aux propriétaires occupants de leur résidence principale des départements suivants : Allier, Alpes-de-Haute-Provence, Dordogne, Gers, Indre, Lot-et-Garonne, Meurthe-et-Moselle, Nord, Puy-de-Dôme, Tarn et Tarn-et-Garonne.
Elle comporte deux phases. La première consiste à accompagner les ménages dans la réalisation d'un diagnostic avec un taux de financement pouvant atteindre 90%, dans la limite de 2.000 euros de dépenses éligibles. Vient ensuite la phase travaux. Il faudra déposer un second dossier, pour un taux de financement qui pourra atteindre également 90% des prestations d'accompagnement et de maîtrise d'œuvre (avec, là encore, un plafond de 2.000 euros de dépenses éligibles) et 80% des dépenses engagées pour les travaux (avec un plafond de 15.000 euros). Les demandes seront à adresser via la plateforme Démarches simplifiées.
Plus de 10 millions d'habitations potentiellement concernées
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Dans un webinaire organisé le 9 septembre 2025, le Cerema et Envirobat Centre sont revenus sur l'évolution du risque RGA en France. "Avec l'intensification du changement climatique, des argiles qui n'étaient pas forcément sensibles au phénomène le deviennent et peuvent provoquer des dégâts sur des bâtiments", a expliqué Thibault Coppée, chargé d'étude en mécanique des sols et RGA au Cerema, citant par exemple le centre ouest de la France. Ainsi, selon lui, plus de 10 millions d'habitations sont potentiellement concernées par le RGA.
L'intensification du phénomène engendrera également une hausse des coûts associés, a prévenu le chargé d'études. Il estime ainsi une augmentation de 100% des coûts liés à la sécheresse et au RGA dans certains territoires en cas de climat à +4,5°C en 2050, voire au-delà 200% dans un scénario à +8,5°C.