ÉCONOMIE. Les chiffres de l'Insee sur les revenus des indépendants révèlent, dans le secteur de la construction, une plus forte progression pour les micro-entrepreneurs, par rapport aux entrepreneurs individuels.
Le secteur de la construction pèse lourd chez les indépendants. Cela concerne plus d'un non-salarié sur dix (12%) tous secteurs confondus, soit 433.000 personnes, révèle l'Insee, qui vient de publier ses derniers chiffres sur l'emploi et les revenus des indépendants en 2022. Parmi eux, deux catégories sont à distinguer : les entrepreneurs individuels (EI), qui sont des non-salariés "classiques", avec éventuellement des salariés à leur charge, et les micro-entrepreneurs (anciennement auto-entrepreneurs), qui bénéficient d'un statut créé en 2009 par l'ancien secrétaire d'État Hervé Novelli.
L'essor du statut de micro-entrepreneur depuis 2009 est frappant dans le secteur de la construction. Il a entraîné une baisse du nombre de non-salariés "classiques" depuis 2008, de 28%. Désormais, près d'un non-salarié sur deux est un micro-entrepreneur dans le secteur de la construction. "Les effectifs de non-salariés classiques ont en effet diminué dans la plupart des secteurs, en particulier dans ceux investis par les micro-entrepreneurs", précise ainsi l'étude de l'Insee.
Des revenus aux dynamiques différentes
Un effritement du nombre d'indépendants "classiques", par ailleurs récemment dénoncé par la Capeb, qui se retrouve dans l'évolution de leurs revenus : entre 2013 et 2022, leur revenu moyen, en euros constants (en tenant compte de l'inflation), n'a augmenté que de 0,8% par an, un chiffre inférieur à celui de l'ensemble des secteurs (+1,2% par an).
Concernant les micro-entrepreneurs, la progression des revenus moyens, en euros constants, est nettement plus forte : +5,3% par an entre 2013 et 2022. Et les micro-entrepreneurs du secteur de la construction ont même vu leurs revenus davantage progresser que ceux des micro-entrepreneurs tous secteurs confondus (+4,1% par an). En outre, les revenus en euros constants des micro-entrepreneurs sont même supérieurs en 2022 (+5,2%) à ceux qu'ils gagnaient en 2019 avant la crise sanitaire et la hausse de l'inflation. Ce qui est le contraire concernant les indépendants "classiques" (-2,3% en 2022 par rapport à 2019).
Ainsi, en 2022, 46% des non-salariés du secteur de la construction étaient sous le statut de micro-entrepreneur. "Un chiffre qui a certainement continué de progresser en 2023 et en 2024", précise Fabien Toutlemonde, ingénieur à l'Insee. "Nous ne pouvons pas le mesurer, mais les récentes annonces du gouvernement, qui souhaite abaisser le seuil de franchise de TVA dans le secteur du bâtiment, ont pu provoquer un infléchissement de cette dynamique durant ces derniers mois", s'avance-t-il.