ÉNERGIE. Le groupe public ambitionne d'installer un millier d'hectares de panneaux photovoltaïques d'ici 2030 grâce à la mobilisation de son foncier. En tant que premier consommateur industriel d'électricité du pays, l'enjeu est de couvrir jusqu'à 20% de ses besoins actuels.

C'est "le symbole d'un changement de paradigme où les énergies renouvelables, désormais rentables, génèrent des opportunités économiques pour ceux qui les produisent", a commenté Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, lors de la présentation par la SNCF du lancement de sa filiale dédiée aux ENR, sobrement baptisée SNCF Renouvelables. Le groupe public ambitionne d'installer un millier d'hectares de panneaux photovoltaïques d'ici 2030 grâce à la mobilisation de ses terres - la SNCF est le deuxième propriétaire foncier derrière l'État (voir encadré).

 

 

Le but : couvrir jusqu'à 20% de ses besoins actuels en électricité afin de faire circuler ses trains, des TER aux TGV en passant par les Intercités. Déjà première consommatrice industrielle d'électricité du pays, l'entreprise pourrait du même coup devenir l'un des principaux producteurs français d'énergie solaire. Car pour l'heure, elle achète chaque année pour 9 térawatts-heure d'électricité en moyenne afin de faire circuler quotidiennement ses 15.000 trains et alimenter ses 3.000 gares, sites industriels et bâtiments tertiaires.

 

Et dans la mesure où le trafic ferroviaire devrait doubler d'ici 2040, motivé par l'urgence climatique et la transition écologique, et soutenu par les pouvoirs publics, la société nationale des chemins de fer s'est donc décidée à prendre le sujet à bras-le-corps.

 

Faire circuler ses 15.000 trains et alimenter ses 3.000 sites

 

Concrètement, la SNCF table sur 1.000 mégawatts-crête - l'unité mesurant la puissance maximale - produits par des panneaux photovoltaïques déployés sur ses bâtiments et parkings. L'installation et l'exploitation de ces centrales seront assurées par sa filiale, laquelle alimentera ainsi directement les équipements électriques des gares et sites industriels du groupe. Une partie de la production se destinera également à la circulation des trains, dont plus de 80% fonctionnent aujourd'hui à l'électricité.

 

L'enjeu est aussi financier et matériel : les bénéfices engendrés par SNCF Renouvelables "permettront par ailleurs de soutenir les programmes de travaux nécessaires à l'entretien et à la modernisation des infrastructures ferroviaires", précise l'entreprise publique. Alors que plusieurs installations sont déjà en service, d'autres sortiront de terre à compter de cette année sur une trentaine de sites de différentes tailles répartis dans plusieurs régions. Il pourra s'agir aussi bien de centrales au sol que de panneaux en toitures et d'ombrières de parkings.

 


Un patrimoine foncier "considérable"

 

De son propre aveu, la SNCF dispose d'un patrimoine foncier "considérable" : 12 millions de mètres carrés de bâti et 100.000 hectares de terrains sur l'ensemble du territoire. Sur ce total, plus d'un millier d'hectares ont été inscrits à son "cadastre solaire", c'est-à-dire qu'ils sont en mesure d'accueillir des centrales photovoltaïques. À plus long terme, jusqu'à 10.000 hectares de foncier pourraient être mobilisés pour y installer des fermes solaires.

 


Petites stations et grandes gares

 

Le groupe indique en outre que des panneaux photovoltaïques sont en cours d'installation sur les parkings d'une centaine de petites stations et de grandes gares comme Nîmes-Pont du Gard, Valence ou encore Avignon. Angers et Paris-Nord font partie des prochains sites sur la liste.

 

 

Concernant l'origine des composants de ses centrales solaires, la SNCF s'est engagée à "acheter en Europe, chaque fois que possible". La question de la souveraineté industrielle de l'Europe revient régulièrement sur la table face à la domination écrasante de la Chine en la matière, mais des projets industriels commencent à sortir de terre pour tenter de rééquilibrer la balance.

 

Dans tous les cas, SNCF Renouvelables planche déjà sur la deuxième phase de développement de sa production photovoltaïque, à savoir des panneaux longitudinaux et verticaux pouvant être installés par segment de 20 à 30 kilomètres le long des voies "non circulées". Celles-ci s'étendent sur environ 7.000 kilomètres.

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