RE2020. Les constructeurs demandent un délai supplémentaire pour appliquer la nouvelle réglementation environnementale. En particulier sur le besoin bioclimatique (Bbio), dont la réduction entraîne des surcoûts "exponentiels" en maison individuelle.

Les constructeurs ont besoin d'un "délai supplémentaire" dans l'application de la RE2020, a expliqué Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, le 11 décembre lors d'une conférence de presse. La nouvelle réglementation, dont les contours ont été rendus publics le 24 novembre, doit entrer en vigueur au 1er juillet prochain. Si les exigences doivent être progressives, notamment en termes de seuils de consommation, les constructeurs vont devoir s'adapter, en six mois, à plusieurs règles nouvelles.

 

 

"Nous sommes d'accord sur la trajectoire, mais nous avons besoin de plus de temps pour nous adapter", insiste Grégory Monod, qui cite l'analyse du cycle de vie dynamique, les modalités de l'analyse multicritère complète, ou encore l'interdiction du gaz dans les maisons individuelles. "Sur les contrats de construction de maison individuelle (CCMI), comme sur les opérations immobilières en phase de conception, nous avons des projets en cours dont les permis seront déposés après le 1er juillet prochain", et donc déjà soumis à la RE2020. Le Pôle Habitat a concentré ses attaques sur point particulier : la baisse de 30% des seuils maximum du besoin bioclimatique, ou Bbio.

 

Triplement du surcoût entre un Bbio-20% et un Bbio-30%, avec "aucune différence" sur la facture de chauffage.

 

Le besoin bioclimatique correspond au besoin en énergie du logement pour assurer chauffage, éclairage et refroidissement. "Le Bbio à -30%, on sait faire, il y a des projets partout qui existent", a rappelé le président. "Mais pour massifier, ce sera plus cher". Et Christophe Boucaux, le délégué général de l'organisation patronale, d'évoquer un triplement du surcoût pour passer d'une baisse de 20% du Bbio à une baisse de 30%, pour la construction d'une maison de 90 mètres carrés par exemple. "Nous estimons à 2.000 euros le surcoût pour un Bbio à -20%, mais pour atteindre -30%, il faut dépenser 6.000 euros en plus", pointe-t-il. Et cela pour n'avoir "aucune différence sur la facture du particulier".

 

 

Sylvain Massonneau, vice-président du Pôle Habitat chargé des maisons, a enfoncé le clou. Interrogé sur le Zan (zéro artificialisation nette), il a indiqué qu'en matière de bilan écologique de la construction d'une maison, il trouvait préférable de "mettre de l'argent pour avoir des fondations qui permettent de désartificialiser très simplement", comme certaines techniques le permettent aujourd'hui, "plutôt que le surcoût des 10 points de Bbio". "Quand il faudra atteindre -40%, ce ne sera pas 6.000 mais 20.000 euros de surcoût", a prévenu l'entrepreneur, décrivant une courbe "exponentielle".

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