A l'occasion des 6èmes Assises nationales des déchets ménagers, qui se sont tenues du 24 au 28 juin à Agen, et à un an de l'interdiction de mise en décharges des déchets "non ultimes", les professionnels du BTP ont fait le point sur les solutions qui s'offrent à eux pour faire face aux 130 millions de tonnes de déchets générées par le secteur.

Les Assises nationales des déchets ménagers rencontrent un succès croissant depuis leur création en 1996. Si elles concernent au premier chef, les collectivités territoriales (notamment les directions des services techniques, directions déchets, directions environnement), les entreprises du BTP sont de plus en plus impliquées, notamment en raison de l'interdiction de mise en décharges des déchets "non ultimes" prévue pour le 1er juillet 2002.

Si on en croit les déclarations faites à l'occasion de ces assises, face à ses 130 millions de tonnes de déchets annuels, il semble que l'industrie du bâtiment et des travaux publics opte peu à peu pour la "déconstruction" et le recyclage.

Mieux vaut tard que jamais : alors qu'aux Pays Bas, 90% du béton usagé est recyclé, la France se contente actuellement d'un timide pourcentage, à peine un quart !

"En France, quand nous abattons un bâtiment, c'est encore la culture de la démolition qui domine, avec la décharge en bout de chaîne", regrette Béatrice Pitzini-Duée, ingénieur à l'Institut franco-allemand de recherche sur l'environnement, à Karlsruhe. Mais la notion de déconstruction "fait son chemin", affirme-t-elle, citant en exemple le "démontage" d'un lycée de Nantua (Ain), en 1999.

Un démontage exemplaire

Pour cette démolition pilote, "92 % des matériaux avaient été recyclés", témoigne François Boilot, chargé de mission qualité environnementale au Conseil régional Rhône-Alpes, à l'initiative de cette opération pilote avec l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).
Béton et structures métalliques mais aussi vitres, châssis de portes, radiateurs en fonte, fenêtres PVC, luminaires et même les faux plafonds : tout avait été désossé puis recyclé ou directement réemployé.
Bien sûr, "déconstruire" est plus onéreux que démolir et à Nantua, le surcoût avait été chiffré à 11 %.

Un blocage psychologique

Présente aux 6e Assises nationales des déchets à Agen, parmi une centaine d'exposants, Yprema présentait la particularité d'être spécialisée dans le BTP. " A partir de déchets minéraux issus de la déconstruction de bâtiments ou de la démolition de chaussées, et après concassage et calibrage, nous produisons annuellement quelque 600.000 tonnes de graves industrielles, graves de béton ou cailloux de béton, autant de produits utilisés pour les remblais ou les sous-couches routières " explique Erwan Le Meur, ingénieur d'affaires au sein de cette PME de 72 salariés.

Mais tout n'est pas si simple car ces matières premières secondaires, par opposition aux matières premières vierges, trouvent difficilement preneurs, même à coût égal. "Quand nous opérons la réfection d'une route, nous essayons de recycler les enrobés d'origine " explique Jean-Pierre Lemesle, président de la commission déchets de la Fédération nationale des travaux publics. " Mais dans l'esprit de beaucoup de clients, ces granulats obtenus par broyage sont des matériaux d'occasion. Ils n'en veulent pas..."

S'il n'est pas le seul, cet écueil psychologique explique partiellement le retard pris par l'industrie française des travaux publics en matière de recyclage par rapport à son homologue allemande, avec 20 % des déchets réintégrés dans la filière dans l'Hexagone, contre 75 % outre-Rhin.

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