En 2009 déjà, la filière béton avait publié une étude sur l'impact environnemental de ce matériau par rapport aux autres systèmes constructifs (bois, brique, etc.). L'analyse avait porté sur différents types de logements BBC. L'étude concluait à l'équivalence des impacts environnementaux, quel que soit le matériau de construction. Pour aller plus loin, Cimbéton a mené une nouvelle étude portant sur les bâtiments du secteur tertiaire à structure béton ou structure acier, dont elle vient de communiquer les résultats.

Sous l'impulsion des pouvoirs publics, et suite au Grenelle de l'Environnement, la qualité environnementale des bâtiments est désormais prise en compte lors de l'évaluation multicritère des édifices. Le Centre d'Information sur le ciment et ses applications (Cimbéton) a donc commandé une étude portant sur l'évaluation comparée de différents systèmes constructifs. Après les logements, en 2009, ce sont les bâtiments tertiaires qui ont cette année retenu l'attention des professionnels.

 

L'objectif de l'étude « QEB Tertiaire » a donc été le suivant : comparer sur un cycle de vie complet (100 ans), les impacts environnementaux de deux immeubles de bureaux climatisés - de performance Label BBC 2005 et conformes à la RT 2012 - suivant deux systèmes constructifs, béton et acier, en zones climatiques H1a (Île-de-France) et H3 (pourtour méditerranéen). Il a dont été question d'analyser la contribution relative des impacts liés aux matériaux et celle des impacts liés aux usages. Différents intervenants ont participé à cette étude : C&E Ingénierie pour les calculs des structures de ces immeubles théoriques, Tribu Energie pour les calculs thermiques de simulation, Gamba Acoustique pour les études acoustiques, le Cabinet Z2C pour les métrages, et Ecobilan (PricewaterhouseCoopers) pour l'étude environnementale. La méthodologie, rigoureuse, s'est appuyée sur les normes ISO 14040 à 14044 et sur les normes NF P 01-010, NF P 01-020-1 et 01-020-3. Une revue critique a été menée entre juillet et novembre 2011, par des contradicteurs aussi difficiles que possible, à savoir des membres du CSTB, de BIO Intelligence Service, du WWF, du CTICM (Centre Technique Industriel de la Construction Métallique) ou d'Arcelor Mittal, représentant ici les intérêts de la structure acier. « L'ensemble contribue à donner une bonne crédibilité à cette étude voulue comme impartiale », déclare Laurent Truchon, directeur délégué Bâtiment de Cimbéton. « Les résultats obtenus ont été vérifiés et aucune erreur n'a été décelée. Les conclusions de l'étude sont donc cohérentes ».

 

Un impact environnemental équivalent entre béton et acier
Pour les onze critères étudiés (énergie primaire totale, énergie non renouvelable, épuisement des ressources, eau consommée, changement climatique, acidification atmosphérique, déchets éliminés, déchets valorisés, pollution aérienne, pollution aquatique, formation d'ozone photochimique) il a été constaté que l'empreinte environnementale était identique pour les bâtiments à structure béton ou acier. Les différences relevées ont été considérées comme « non significatives », c'est-à-dire inférieures au degré d'incertitude de 20 % de l'étude, imprécision liée au système d'évaluation de l'impact. Cette limite de l'étude a d'ailleurs parfaitement été identifiée. Les résultats, qu'ils concernent les matériaux seuls ou l'analyse totale du cycle de vie, sont identiques. Le béton ne s'avère donc pas 3 ou 4 fois plus polluants que l'acier alors que ce matériau souffrait jusqu'alors de chiffres défavorables, notamment dans les référentiels de l'Ademe.

 

Avec donc des conclusions assez similaires à celle menée en 2009 sur l'impact environnemental du béton et des autres systèmes constructifs dans les logements, « l'étude devrait donc permettre de faire bouger les mentalités sur l'impact carbone du béton, et de rectifier les référentiels actuels », souhaite Laurent Truchon. Déjà, Cimbéton prévoit de mener de nouvelles études dans l'avenir : une version 2.0 de l'étude sur les logements béton devrait permettre une mise à jour des données pour les maisons individuelles, tenant en compte les progrès réalisés par les matériaux ces dernières années (notamment les briques). « L'étude v.2 est programmée pour la fin du premier trimestre 2012 », confirme le directeur délégué de Cimbéton. Ensuite, les professionnels de la filière se pencheront sur les immeubles de logement collectif avant, peut-être, d'étudier les bâtiments plus spécifiques, tels que les édifices du monde de la santé ou les constructions agricoles.

 


Structure des bâtiments tertiaires théoriques de l'étude
Des choix structurels ont été faits concernant les deux bâtiments étudiés, les plus représentatifs possibles de la façon dont on construit aujourd'hui des immeubles de bureaux. Les bâtiments ont ainsi été conçus non optimisés, en ne tenant pas compte de la bioclimatique. Ils ont respecté une faisabilité économique et en ayant recours à des matériaux courants (non exotiques). Leur hauteur a été maintenue inférieure à 28 mètres, afin de ne pas tomber dans la réglementation des Immeubles de Grande Hauteur. Ils sont composés de R+8 niveaux. Leur géométrie, à quatre faces libres, a été voulue simple afin de conserver des volumes identiques entre les versions acier et béton. La surface est de 9.270 m² dont 5.217 m² de bureaux, afin d'accueillir 306 personnes. Les structures sont réalisées en béton armé et dalles de béton précontraint ou autour d'une charpente métallique contenant également une portion de béton armé.

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