JUSTICE. Après l'audition de l'ancien directeur de proximité du site de Brétigny, c'est Guillaume Pepy, à la tête de la SNCF au moment de l'accident de juillet 2013, qui a été entendu lors de cette première semaine de procès.

Près de neuf ans après l'accident du 12 juillet 2013 qui a fait 7 morts et plus de 400 victimes, le procès de la catastrophe de Brétigny-sur-Orge s'est ouvert le 25 avril 2022. Durant cette première semaine, l'ancien directeur de proximité du site, alors âgé de 24 ans, seule personne physique mis en cause dans cette affaire, a eu l'occasion de s'exprimer une première fois. Le 28 avril 2022, c'était au tour de Guillaume Pepy, patron de la SNCF entre 2008 et 2019, d'être entendu, durant plus de trois heures.

 

S'il a reconnu avoir effectivement évoqué un problème de maintenance comme pouvant être la cause du drame dans les heures qui l'ont suivi, il s'est montré moins définitif devant le tribunal d'Evry. Ce ne serait qu'une des hypothèses selon lui. La seconde ? Un défaut de la pièce métallique, la fameuse éclisse déboulonnée - thèse pourtant écartée par les enquêteurs -, et un possible défaut de l'acier.

 

Il a par ailleurs "acquis la conviction que la traçabilité n'était pas bien faite à Brétigny. L'organisation de la maintenance n'était pas optimale et la SNCF ne faisait pas bien son travail".

 

"Si nous n'avons pas les moyens, il faut dégrader la performance" du réseau

 

Surtout, l'ancien président de l'entreprise ferroviaire a en revanche balayé l'accusation selon laquelle la vétusté du réseau serait en cause : "On confond souvent vieillissement et dangerosité. Or, vieillissement ne veut pas dire dangerosité". Il a même insisté sur la priorité donnée à la sécurité : "Lorsque nous avons le moindre doute en la matière, nous suspendons la circulation", a-t-il défendu.

 

Pour maintenir le réseau aux normes, il doit évidemment faire l'objet de travaux de maintenance, a-t-il également souligné. Mais, "si nous n'en avons pas les moyens, il faut [en] dégrader la performance". Sur la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (Polt) passant par Brétigny, il a assuré qu'un milliard d'euros lui avaient été consacrés au cours de ses deux mandats. "Mais il aurait fallu un milliard supplémentaire", a-t-il estimé. C'est justement pour préserver la sécurité sur la ligne que le groupe ferroviaire a décidé de jouer sur la performance : les vitesses ont été abaissées, et les trajets sont plus longs, passant de moins de 3h à 3h20 et plus, a-t-il également expliqué.

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