COLÈRE. L'Union des entreprises de proximité (U2P) vient d'annoncer qu'elle boycotterait les futures réunions du comité de pilotage du prélèvement à la source. Pour les artisans et indépendants, cette mesure s'apparente à un nouvel impôt pesant sur les TPE.

C'est un niveau de plus dans la colère. Après avoir lancé une pétition contre le prélèvement à la source par les entreprises, l'Union des entreprises de proximité (U2P) vient d'annoncer qu'elle boycotterait les futures réunions du comité de pilotage du dispositif. La prochaine se tiendra le 5 juillet à Béthune (Pas-de-Calais), en présence du ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérard Darmanin. "Nous participions aux échanges, mais dès que nous intervenions le ministre nous renvoyait dans nos cordes", explique Alain Griset, président de l'U2P, contacté par Batiactu. "Notre présence étant visiblement inutile, nous avons décidé d'entamer un boycott, et si cela ne suffit pas nous envisagerons d'autres moyens d'action pour nous faire entendre."

 

Un dispositif qui pourrait déclencher des "tensions sociales"

 

Les pouvoirs publics avaient fait une concession auprès des artisans et indépendants : la suppression de toute idée de sanctions pénales. Mais cela ne suffit visiblement pas à satisfaire les intéressés. "Nous avons chiffré le coût du prélèvement à la source à 125 euros par salarié", nous explique Alain Griset. "Et ce dispositif peut être à l'origine de tensions sociales dans l'entreprise : si le taux change, certains salariés se questionneront et auront peut-être des revendications salariales."

 

"Pourquoi ne pas demander à l'Urssaf ou aux banques ?"

 

Pourtant, sur le fonds du dossier, à savoir le principe même du prélèvement à la source, l'U2P partage les vues du Gouvernement. Mais pour elle, ce n'est pas aux entreprises de prendre en charge le système. "Pourquoi ne pas demander cela à l'Urssaf ou aux banques ?", questionne Alain Griset. L'U2P fait notamment référence à une proposition de loi du sénateur Albéric de Montgolfier "visant à libérer les entreprises de la collecte de l'impôt en la remplaçant par un prélèvement bancaire par l'administration fiscale".

 

Enfin, Alain Griset rappelle que la Cour des comptes a récemment chiffré à 2 milliards d'euros, pour l'année 2019, le manque à gagner potentiel pour l'État à la suite de l'entrée en vigueur du PAS au 1er janvier prochain - le rapport est accessible en cliquant ici. "Les artisans, les commerçants, les professions libérales, n'ont ni DRH, ni fiscaliste, ni service juridique à leur disposition", rappelle l'U2P dans un communiqué de presse. "Comment sont-ils supposés faire face à cette surcharge administrative ? Collecter l'impôt, c'est pas notre boulot. Soit l'administration fiscale reprend cette mission qui est la sienne, soit le gouvernement doit prévoir des compensations financières pour nos entreprises."

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