MÉTIERS. Comme chaque année et pour sa 6e édition, l'évènement Sciences de l'ingénieur au féminin investit les lycées français pour sensibiliser les jeunes filles aux métiers d'ingénieur. Malgré l'engouement des ingénieures à partager leur quotidien auprès du jeune public, le constat est toujours le même : trop peu de femmes accèdent à la profession.

Dans le cossu lycée Jean-Baptiste Say, le calme et l'ordre règnent. Peut-être cela s'explique-t-il par la sortie scolaire organisée pour les garçons de seconde au Musée nationale des Arts et métiers, quand les filles, elles, passeront leur après-midi à échanger autour du métier d'ingénieur, auprès de femmes venues prêcher pour leur paroisse et appeler à féminiser davantage la profession.

 

En ce 29 novembre, les Sciences de l'ingénieur au féminin, co-organisé par l'association « Elles bougent » et l'Union des professeurs de sciences et techniques industrielles (Upsti), a réuni près de 29.000 collégiennes et lycéennes et 1500 ingénieures autour de cette moyenne nationale : moins de 30% des effectifs d'élèves ingénieurs sont des femmes.

 

Plafond de verre

 

Ayant revêtu des bandanas fuchsia au cou pour l'occasion, les intervenantes bénévoles évoquent, au-delà de la sensibilisation, tous les bonheurs et sacrifices auxquels l'ingénieur se confronte. Après 36 ans de bons et loyaux services pour Safran Electronics & Defense, Bernadette Capit, évoque tour à tour "la possibilité de travailler dans le monde entier", « les nombreuses portes qu'ouvre le diplôme d'ingénieur » ou la rémunération conséquente que peuvent offrir les métiers de l'ingénierie.

 

Lorsque la timide main d'Elisa se lève, et demande à cette ingénieure en aéronautique quelles ont été "les pressions" qu'elle a dû affronter en tant que femme, Bernadette Capit se veut nuancée. "Il n'y a pas de comportement différent selon que vous êtes une femme ou un homme, mais dès que vous aspirez à des fonctions plus hautes, vous voyez que la route est un peu barrée", dit-elle, posément, pour évoquer la réalité du plafond de verre. Et de lancer, ton militant : "plus nous serons nombreuses, plus les gens s'habitueront à notre présence et notre volonté d'aller plus loin dans nos ambitions professionnelles".

 

Minorité féminine et écarts de salaires

 

Il faudra attendre encore quelques années pour observer le retentissement de ces campagnes de sensibilisation sur les effectifs d'ingénieurs. Car pour Bernadette Capit, le compte n'y est toujours pas lorsqu'elle se replonge dans ses débuts à Safran, et les compare aux temps actuels. "Nous devions être 17% de femmes dans les années 80, aujourd'hui le chiffre oscille autour des 23 preuve qu'il y a encore du chemin à parcourir", confie-t-elle en aparté.

 

Selon une étude menée par la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs entre 2016 et 2017, les femmes ne constituaient que 27% des effectifs d'élèves-ingénieurs, même si leur présence a doublé en 10 ans. Une disparité qui se traduit dans le milieu professionnel par des écarts de salaire de 5% pour les femmes de moins de 30 ans, qui peuvent atteindre les 24% chez les 55-59 ans.

 

 

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