La vieille ville de Montevideo (Uruguay), joyau de l'architecture du début du 20ème siècle, parsemée d'édifices Art Nouveau ou Art Déco souvent à l'abandon, fait peau neuve avec l'ambition d'attirer dans ses murs les habitants qui l'ont désertée et de conquérir les touristes.

Les plus hautes autorités uruguayennes ont donné le coup d'envoi cette semaine à un grand plan de renaissance du vieux Montevideo.

"Un centre sans population peut être une belle oeuvre archéologique mais ce n'est pas une ville", a déclaré le maire Mariano Arana, en présentant à la presse le plan qui s'échelonnera jusqu'à 2015.

Actuellement, 100.000 personnes travaillent ou transitent de jour dans la Ciudad Vieja (vieille ville), coeur administratif et financier de la capitale mais seulement 10.000 (10%) y restent la nuit.

"Depuis 15 à 20 ans, la population s'est transférée du centre vers la périphérie sud (rives du Rio de la Plata) pour les couches moyennes-hautes et les périphéries nord et ouest pour les couches moyennes-basses",
a expliqué à l'AFP Daniel Christoff, directeur de la planification de la ville.

Côté tourisme, la situation n'est guère plus brillante puisque le flux vient surtout des énormes navires de croisière qui s'arrêtent une fois par mois dans le port de Montevideo, à deux pas de la Ciudad Vieja, selon M. Christoff.

Les milliers de passagers qu'ils transportent séjournent au maximum deux jours dans la vieille ville car elle a mauvaise réputation en raison de problèmes de sécurité liés à son dépeuplement, qui sont "plus une impression que la réalité", selon M. Christoff.

Le programme de relance du vieux Montevideo qui associe la mairie, le ministère du Logement et la Banque hypothécaire d'Uruguay, spécialisée dans les prêts d'accès à la propriété, vise à convaincre des opérateurs privés -- promoteurs immobiliers et particuliers -- d'investir dans la Ciudad Vieja en y rénovant des logements.

La France, déjà engagée dans la réhabilitation de nombreux centres historiques d'Amérique latine (Santiago, Salvador de Bahia ou Lima) contribue au plan avec un projet-pilote où seront étudiées les mesures à prendre pour soutenir le repeuplement du vieux Montevideo.
"L'accord s'inscrit dans un vaste ensemble puisque nous coopérons déjà avec l'Uruguay dans l'aménagement du territoire et le logement social", a indiqué à l'AFP, Chantal Haage, conseillère culturelle à l'ambassade.

Le plan Ciudad Vieja prévoit des exonérations d'impôts et TVA pouvant abaisser de 25% les coûts de rénovation, une délivrance accélérée des permis de construire et l'aménagement des espaces publics: élargissement des trottoirs et transformation de certaines rues en zone piétonne.

"Jusqu'à présent, les efforts (de repeuplement de la Ciudad Vieja) furent sporadiques, on améliorait les bâtiments en oubliant les transports ou les trottoirs. Cette fois, grâce à l'effort conjoint des institutions, nous sommes dans de meilleures conditions pour récupérer les investissements de nombreuses générations d'Uruguayens", a estimé le ministre du Logement, Saul Irureta Saralegui.

Daniel Christoff est convaincu de la viabilité du projet car, selon lui, la première génération qui a quitté la vieille ville à la recherche d'une meilleure qualité de vie est "déçue et ses enfants veulent revenir au centre".

M. Christoff pense qu'au moins 5.000 personnes de classe moyenne pourraient regagner la Ciudad Vieja d'ici 2015, uniquement grâce aux programmes publics de relogement.

Il est important que les institutions lancent des signaux forts, a estimé M. Christoff, en se réjouissant du déménagement vers la Vieille Ville du ministère du Tourisme, du siège local de la Banque interaméricaine de développement et du Centre culturel espagnol.

D'autres projets conforteront cette tendance, selon lui, comme la réouverture prévue le 24 août 2004 du célèbre Théâtre Solis après sa restauration par la municipalité pour 12 millions de dollars.

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