De nombreux chefs d'entreprises du bâtiment redoutent une dégradation de leur trésorerie dans les six prochains mois, et ils sont moins de 10 % à prévoir des embauches, selon une étude Ifop-KPMG. Valorisation des prix de vente et développement du carnet de commandes sont deux priorités mises en avant par les dirigeants.

Les chefs d'entreprises de PME du BTP restent pessimistes : plus de 400 d'entre eux ont été interrogés par l'institut Ifop au cours du mois de septembre. Et un tiers d'entre eux annoncent s'attendre à une détérioration de leur trésorerie dans les six mois à venir. Sectoriellement, les chefs d'entreprises du gros œuvre et de l'ingénierie ou architecture sont les plus nombreux à envisager le futur de façon négative : entre 42 et 45 % d'entre eux prévoient une dégradation.

 

Pourtant, les dirigeants de PME sont 34 % à affirmer disposer d'un excédent et 40 % à déclarer être à l'équilibre, alors qu'ils ne sont que 23 % à affirmer être actuellement en déficit. En se projetant dans l'avenir, ils ne sont que 18 % à penser que leur situation va s'améliorer, mais dans des proportions "peu importantes". Corollaire, les embauches ne sont pas à l'ordre du jour. Seuls 9 % des patrons envisagent de recruter dans les six prochains mois. Et là encore, le gros œuvre est le secteur le plus morose avec seulement 3 % de dirigeants prêts à embaucher. "Seul le secteur de la menuiserie/serrurerie se distingue : 18 % des chefs d'entreprise ont l'intention d'embaucher dans les six prochains mois", annonce KPMG. Les nouveaux contrats se répartiraient de façon équitable entre durée déterminée et durée indéterminée.

Développer le carnet de commandes

Sur les prix pratiqués, 64 % des dirigeants interrogés annoncent vouloir les maintenir tandis que 26 % estiment être contraints de les baisser afin de gagner des marchés. Le gros œuvre (32 %) et surtout l'ingénierie/architecture (41 %) anticipent des baisses de prix plus fortes que les autres. Dans le même temps, la propension à mieux valoriser les prix est en régression de 8 %. "La juste valorisation du prix de vente est une donnée clef dans les composantes de la croissance de l'entreprise et du pilotage de la rentabilité. Une trop forte pression sur les prix de vente peut avoir de graves conséquences sur la pérennité des entreprises. L'année 2013 en a fragilisées certaines, l'année 2014 et les perspectives à plusieurs mois restent difficiles pour le secteur", analyse Annie Chauzu, responsable du réseau Entrepreneurs du bâtiment et associée chez KPMG. La priorité, pour les dirigeants, reste le développement du carnet de commandes (38 %), avec toujours une accentuation du phénomène pour les entreprises d'ingénierie et d'architecture (47 %). L'adaptation de l'activité au marché (18 %) et l'amélioration de la rentabilité (17 %) sont les autres axes cités par les patrons de PME du BTP.

La qualification RGE pour se différencier ?

Pour se différencier de la concurrence, et démarcher de nouveaux clients, les professionnels sont appelés à obtenir la qualification RGE. Pourtant, seuls 17 % ont finalisé cette démarche tandis que 12 % sont en train de le faire et 11 % envisagent de se lancer. Les couvreurs, plombiers, électriciens et menuisiers-serruriers seraient les plus disposés à effectuer cette labellisation RGE (42 %). Ils en attendent principalement une différenciation (48 %), une fidélisation de la clientèle (46 %) ou un élargissement du portefeuille (42 %). Mais les dirigeants attendent des mesures fortes pour redynamiser l'activité : un assouplissement des règles sociales (24 %), une fiscalité incitative (22 %) et une relance des investissements de grands chantiers publics (16 %).

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