Les promoteurs des énergies renouvelables ont dénoncé mardi à Bruxelles le manque de cohérence des Européens, dont le projet de financement de la recherche dans ce secteur est, selon eux, loin des ambitions affichées.

«Nous entendons beaucoup de belles paroles sur l'importance des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Maintenant que le temps des décisions est arrivé, c'est le silence», a déploré Christian Kjaer, directeur de l'association européenne de l'énergie éolienne (EWEA).

L'EWEA et trois autres associations d'entreprises actives dans l'éolien, la biomasse ou le solaire, reprochent à la Commission européenne de ne pas avoir repris l'objectif chiffré du Parlement européen sur la part du budget à réserver aux énergies renouvelables, à l'efficacité énergétique et aux économies d'énergie.

Mi-juin, les eurodéputés ont voté une version du 7ème «programme cadre de l'UE pour la recherche», qui prévoit de consacrer aux énergies renouvelables «approximativement deux-tiers» du budget recherche sur l'énergie hors nucléaire, soit quelque 227 millions d'euros par an pour la période 2007-2013.

Les 25 pays de l'UE doivent se prononcer lundi prochain sur ce programme, sur la base d'une nouvelle proposition de la Commission européenne. Or, la copie mise sur la table fin juin par Bruxelles ne reprend pas cette mention des deux-tiers. Et la proposition de compromis que la présidence finlandaise de l'UE a préparée pour le conseil des ministres de lundi non plus, selon des sources européennes. Et ce, alors même que 227 millions d'euros par an représentent selon les eurodéputés un «minimum absolu» au vu du travail encore à faire pour «le développement de technologies énergétiques alternatives».

La Commission européenne a officiellement fait du développement des énergies renouvelables une priorité pour permettre à l'UE de respecter ses engagements environnementaux mais aussi de limiter sa dépendance en hydrocarbures. «Nous croyons en l'importance des investissements dans les énergies renouvelables», défend Antonia Mochan, porte-parole du commissaire européen à la Recherche, Janez Potocnik. Mais mentionner clairement ce montant des deux-tiers «ne va pas faire beaucoup avancer les choses», ajoute-t-elle.

Pour la Commission, compartimenter les projets recherche n'est pas toujours évident. Par exemple, certains travaux sur l'hydrogène ne portent pas forcément spécifiquement sur les énergies renouvelables mais peuvent tout de même servir à leur stockage, explique Antonia Mochan.

Et avant que les énergies renouvelables n'assurent pleinement leur rôle, il faut bien rendre les autres types d'énergie plus «respectueux de l'environnement», ce qui nécessite aussi un budget recherche, ajoute-t-elle.

L'industrie veut pour sa part surtout une «bonne coordination entre les fonds européens, nationaux et privés», explique Eleni Despotou, de l'association Epia des industries d'électricité solaire.

Les entreprises sont prêtes à «cofinancer» la recherche, assure-t-elle. Mais elles veulent pouvoir rester «compétitives» et demandent un «signal clair» de la Commission indiquant que les financements communautaires suivront, poursuit-elle.

Leurs préoccupations ont été relayées par des élus européens qui viennent d'écrire au commissaire Potocnik ainsi qu'à ses collègues chargés de l'Energie, Andris Piebalgs, de l'Environnement, Stavros Dimas, et de la Communication, Margot Wallström, pour leur demander de suivre le vote du Parlement.

Pour ces eurodéputés, membres des grands partis de gauche comme de droite du Parlement, si l'Europe ne maintient pas ses efforts en matière d'énergies renouvelables, il y a «un risque que d'autres régions éjectent du marché son industrie».



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