Depuis dimanche, les particuliers peuvent, comme les professionnels, choisir leur fournisseur d’énergie. Mais selon les spécialistes du secteur, cela ne devrait pas avoir un impact significatif en France. Situation et perspectives.

Depuis dimanche 1er juillet, les 25 millions de clients particuliers d'EDF et les 11 millions de clients de GDF peuvent, s'ils le souhaitent, changer de fournisseur d'énergie. Cette date marque l'ouverture complète du marché européen de l'énergie. Les entreprises, elles, en bénéficient depuis le 1er juillet 2004.

Les ménages peuvent ainsi choisir, soit de rester aux tarifs réglementés, uniquement délivrés par EDF et Gaz de France, soit y renoncer en optant pour une des offres de marché, proposées par plusieurs fournisseurs : Poweo, Direct Energie… mais aussi par EDF et GDF.

Et pour que le consommateur puisse s’y retrouver, les principaux intéressés ont déjà les bons arguments. Le Pdg d'EDF, Pierre Gadonneix, a expliqué vendredi qu'en restant avec son groupe les clients feraient «le choix de la fiabilité tout en ayant une énergie non émettrice de Co2». De son côté, Poweo assure pouvoir atteindre 100.000 clients résidentiels d'ici à la fin de l'année. Direct Energie (groupe Louis-Dreyfus) promet une offensive commerciale en septembre. Suez avait indiqué ces derniers mois qu'il escomptait une part de marché de 15% contre 8,5% actuellement.
Sur le marché du gaz, la situation est plus calme. Gaz de France se donne pour obtenir prioritaire de fidéliser ses 7 millions de clients au chauffage. Altergaz a annoncé jeudi l'entrée du groupe pétrolier italien ENI à son capital pour viser la clientèle des entreprises.

Pas d’impact significatif pour l’instant
Mais cette ouverture ne devrait pas avoir un impact significatif en France, selon les spécialistes du secteur qui attendent de voir comment réagira la Commission européenne alors que l'Etat intervient encore massivement.
En transposant la directive européenne, la France a imposé des tarifs réglementés jusqu'en 2010, exigeant en outre qu'ils n'augmentent pas plus que l'inflation sur la période. Le Parlement a même voté l'an dernier un «tarif de retour» pour les entreprises qui avaient choisi le marché libre mais qui se plaignaient de la hausse continue des prix, ceux-ci ayant plus que doublé depuis le début de la décennie.
«Qui a envie de quitter les tarifs réglementés dans ces conditions ? Il ne se passera rien avant quelques mois», juge un analyste financier d'une grande banque européenne.

Un rapprochement possible entre EDF et GDF
Surtout que l’on n’est pas non plus à l’abri de rapprochements entre différents acteurs du secteur. Des scénarios qui pourraient changer la donne. Dans ce sens, le Pdg d'EDF Pierre Gadonneix a indiqué vendredi sur France Info que son groupe «se préparait aux différents scénarios» possibles pour l'avenir de Gaz de France, notamment un rapprochement entre EDF et GDF, et veillerait à ce que les intérêts d'EDF «soient préservés».
Concernant le projet de fusion entre Gaz de France et Suez, sur lequel le gouvernement n'a pas encore tranché, «la décision appartient aux actionnaires de Suez et aux actionnaires de Gaz de France, parmi lesquels figure l'Etat», a rappelé Pierre Gadonneix sur France Info. «Pour notre groupe, une telle évolution n'est pas sans conséquences et donc nous devons nous y préparer», a-t-il ajouté. «S'agissant de l'éventualité du rapprochement de Gaz de France avec tel ou tel, nous nous préparons aux différents scénarios et dans tous les cas, je veillerai à ce que les intérêts de l'entreprise EDF, de ses clients, de ses actionnaires soient préservés», a-t-il encore dit, soulignant que l'idée d'un rapprochement entre EDF et Gaz de France était «clairement l'un des scénarios possibles».

actionclactionfp