Dans son rapport annuel, la Cour des comptes a relevé de "graves défaillances" et des "dérives financières" majeures dans les opérations immobilières du ministère des Affaires étrangères.

La Cour "a mis en évidence les graves défaillances dans l'exercice de la fonction de maître d'ouvrage, la succession incohérente de programmes constamment revus, modifiés, voire abandonnés, et enfin l'importance des conséquences qui en résultent pour les finances publiques".
Le rapport n'est pas tendre pour le Quai d'Orsay, affirmant que "la convergence des manquements aux règles qui doivent présider à une politique immobilière est avérée".

Déplorant la multiplicité des intervenants, il indique que malgré des réformes successives, "une véritable coordination interne au ministère et entre les administrations intervenant à l'étranger n'a toujours pas été mise en place, privant ainsi l'administration de la possibilité d'évaluer l'effort qu'elle fournit en vue d'adapter aux besoins son patrimoine immobilier".

Dans tous les cas, ajoute la Cour, les études initiales menées par l'administration centrale sont "notoirement insuffisantes, ce qui conduit à opérer des choix contestables qu'il n'est pas étonnant de voir trop souvent remis en cause".

Le rapport dénonce le caractère "généreux" du projet de construction d'un nouveau campus diplomatique à Pékin, la multiplication des études pour la reconstruction de la chancellerie à Pretoria, l'absence de "programmation d'ensemble" pour les "nombreuses" opérations immobilières réalisées entre 1998 et 2002 à Séoul et le choix du site pour la construction d'un lycée français à Francfort.

La Cour des Comptes note également qu'au cours des cinq dernières années, "plus du tiers" des opérations programmées et considérées comme "prioritaires" ont été "abandonnées ou suspendues".

Le rapport s'inquiète ensuite de "l'ampleur des dérives financières". Les dépassements de coût pour les grandes opérations immobilières ont été évalués à 20% en moyenne "mais il n'est pas rare d'observer des dépassements encore plus importants".

A Singapour par exemple, le surcoût a été estimé à 117% (9,3 millions d'euros contre un objectif de 4,3 millions), tandis que la dérive financière pour la nouvelle implantation diplomatique de la France à Berlin représente entre 59% et 97% de l'estimation initiale (entre 70 et 86,5 millions d'euros contre 43,9 millions prévus en 1997).

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