L'architecte suisse Mario Botta a présenté son projet de restauration du prestigieux théâtre lyrique milanais. Mais ce projet, qui prévoit notamment de coiffer l'arrière de ce sobre édifice néoclassique de deux structures de pierre, suscite déjà une vive controverse.

Le projet de Mario Botta prévoit de coiffer l'arrière de ce sobre édifice néoclassique de deux structures de pierre fidèles au style de l'architecte suisse. La première est un grand parallélépipède d'une hauteur de 40 mètres, qui comprendra sept nouvelles salles de répétition et les loges des artistes. La seconde est une construction hélicoïdale de trois étages sur le côté latéral de l'édifice construit en 1778 par Giuseppe Piermarini.

Les toits de cet ouvrage s'étaient peu à peu encombrés de petits "rajouts", inégaux en volume, destinés à abriter les diverses salles nécessaires au fonctionnement du théâtre, a expliqué Mario Botta lors de la présentation du projet. "Mon objectif est de nettoyer le corps du théâtre de l'ensemble de ces rajouts", a-t-il poursuivit.

L'espace perdu sera regagné et amplifié en construisant une nouvelle "tour scénique" bien plus haute que l'actuelle, sur l'arrière du bâtiment, au-dessus de la scène. Et, sur le côté gauche naîtra un "corps elliptique", au-dessus des toits, en arrière de la façade.

Ces deux structures épurées, dominant l'arrière de l'édifice, se verront parfaitement de la rue et risquent de choquer les puristes et les habitués du théâtre.

Mais pour Carlo Fontana, surintendant du "teatro alla Scala", ce projet est la seule solution pour réaliser "un théâtre moderne capable de mieux répondre à ses missions".

L'ouvrage s'accompagnera d'un profond travail de restauration, modernisation et remise aux normes de tout l'intérieur du théâtre. Les travaux coûteront, selon la municipalité milanaise propriétaire du bâtiment, 56 millions d'euros et commenceront ce mois.

Ils dureront jusqu'à la fin 2004, si les délais sont respectés. Pendant tout ce temps, les spectacles de la Scala sont hébergés dans un nouveau théâtre, le Teatro degli Arcimboldi, construit pour l'occasion dans la banlieue nord de Milan, inauguré en janvier dernier.

On est assez loin du projet initial de restauration qui promettait d'être "très conservateur", selon les paroles de M. Fontana prononcées en juillet 2000 lors de la présentation du transfert de la Scala dans le nouveau théâtre des Arcimboldi.

Le travail n'a été confié que tout récemment, en novembre 2001, à M. Botta sans appel d'offres et sans que le conseil municipal de Milan n'ait à délibérer, ce que conteste l'opposition de gauche au sein de la municipalité.

Déjà la construction du théâtre des Arcimboldi s'était déroulée dans des conditions douteuses, n'ayant pas fait l'objet d'un appel d'offres régulier selon les normes européennes.

Le maire adjoint de Milan, Riccardo De Corato, assure toutefois qu'un appel d'offres public respectueux du droit européen a bien été effectué en 1999 pour la restauration de la Scala, remporté par l'entreprise CCC qui a, sur le tard, décidé de confier les travaux à Mario Botta.

Selon le quotidien La Repubblica, le parquet de Milan a ouvert une enquête après le dépôt d'une plainte par l'association environnementale Legambiente. Selon celle-ci, il n'y a pas eu d'appel d'offres en bonne et due forme et le projet a démarré sans que la Surintendance pour les biens culturels (équivalent de la direction des monuments historiques en France) ait pu exercer son contrôle.

actionclactionfp