PRISE DE POSITION. Dans une tribune parue dans le Figaro du 29 avril, des conservateurs, historiens et architectes spécialistes du patrimoine en appellent au président pour une prise en compte du temps de l'expertise avant de fixer un calendrier d'intervention trop ambitieux.

Une loi spéciale pour la reconstruction, un établissement public dédié, et un calendrier d'action fixé sur 5 ans. Si les professionnels de la rénovation et de la préservation du patrimoine saluent l'ambition gouvernementale à vouloir faire renaître la cathédrale Notre-Dame de ses cendres, ils appellent à ne pas faire de la vitesse une obsession du futur chantier.

 

"Nous savons que le calendrier politique demande d'agir vite (…) néanmoins, ce qui va se passer à Notre-Dame dans les années à venir nous engage, tous, bien au-delà de ce calendrier", exhortent les 1.170 signataires de la tribune, de France et d'ailleurs. Parmi eux, l'historien de l'architecture Alexandre Gady qui préside Sites et Monuments, Christine Jablonsky, présidente de l'Association des conservateurs des monuments historiques ou Jérome Delaplanche, chef du département de la programmation au Centre des monuments nationaux.

 

"Millions de gestes"

 

Dans ce plaidoyer pour le temps du diagnostic, la tribune rappelle que "Notre-Dame de Paris n'est pas qu'une cathédrale, pas seulement l'un des monuments majeurs de l'architecture européenne. C'est l'un des monuments autour desquels pendant près de deux siècles, se sont constituées la protection et la déontologie françaises et mondiale des monuments historiques".

 

En filigrane, les signataires critiquent la célérité dont ont fait preuve certains architectes en présentant de premières ébauches de la cathédrale reconstruite. Car depuis l'annonce de l'ouverture d'un concours international d'architecture pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame, les esquisses se succèdent sur fond de querelle quant aux choix d'une reconstruction à l'identique ou contemporaine, et des matériaux pour rebâtir.

 

"L'exécutif ne peut se passer d'écouter les experts", concluent les signataires pour qui la reconstruction de l'édifice religieux ne saurait se résumer à un "geste architectural, mais de millions de gestes, humbles et experts, gouvernés par la science et le savoir, dans le cadre d'une politique patrimoniale renouvelée".

 


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