Les expulsions locatives sont officiellement autorisées depuis lundi matin, date de la fin de la trêve hivernale. L'association Emmaüs, soutenue par une trentaine d'autres associations d'aide au logement, a érigé en plein Paris une montagne de matelas symbolique pour demander un moratoire des expulsions.

6h00 précises, lundi matin. Symboliquement, à l'heure où cessait la trêve de l'hiver, l'association Emmaüs a érigé à Paris une montagne de matelas pour demander un moratoire des expulsions locatives. Par cette initiative, soutenue par un collectif de 32 associations, l'association voulait surtout demander aux préfets de ne pas apporter le concours des forces publiques aux expulsions, afin de les rendre impossibles. La veille, à Toulouse, une centaine de personnes s'étaient allongées sur des matelas déposés devant la préfecture, à l'appel de l'association Droit au logement (Dal), pour demander la même chose.

 

La semaine dernière, Christine Boutin avait déclaré qu'il n'y aurait désormais «plus d'expulsion sans une solution de relogement». Mais les associations craignent que les solutions proposées par la ministre du Logement soient provisoires comme dans le cas des nuits à l'hôtel, Emmaüs pointant notamment que «la solution existe déjà et est inefficace». Selon le président de la Confédération nationale du logement (CNL), Jean-Pierre Giacomo, le discours de Christine Boutin «n'est pas crédible. (…) Les préfets n'ont déjà pas les moyens d'appliquer la loi Dalo [sur le logement opposable], comment imaginer qu'on va trouver des logements aux expulsés ?». De son côté, Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole du Dal, a déclaré que «les personnes menacées d'expulsion doivent faire attention aux fausses promesses de madame Boutin : vous devez rester dans les lieux jusqu'au bout de la procédure et n'hésitez pas à sortir de la honte».

 

Selon Emmaüs, 550.000 ménages sont actuellement en situation d'impayés de loyers, et 221.000 personnes occupent un logement «sans droit et sans titre suite à une décision d'expulsion». En 2007, les préfets ont autorisé 28.021 expulsions d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, soit 5,58% de plus que l'année précédente, et plus du double qu'en 1998. La Fondation Abbé Pierre estime que 3,5 millions de personnes sont touchées par «une problématique forte de mal-logement».

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