La douceur exceptionnelle du mois d'octobre a entraîné une diminution sensible de la consommation de chauffage en France, qui devrait alléger la facture énergétique des Français, alors que les prix du pétrole restent très élevés.

«Octobre 2005 se situe au second rang des mois d'octobre les plus chauds depuis 1950, juste derrière 2001, avec une anomalie de température de +3.2 °C», a expliqué Météo France. «En octobre, il y a eu forcément des économies d'énergies réalisées par le fait qu'il faisait beaucoup plus chaud», a déclaré à l'AFP François Moisan, directeur exécutif de la stratégie et de la recherche de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Selon l'Agence, les trois premières sources de chauffage sont le gaz dont le prix, indexé sur celui du pétrole, ne cesse d'augmenter, l'électricité et les produits pétroliers (fioul). «En 2002, 9,360 millions de foyers se chauffaient au gaz, 6,570 millions à l'électricité et 4,536 millions aux produits pétroliers», rappelle M. Moisan.

La baisse de la consommation totale d'énergie en octobre ne peut pas être précisément quantifiée. Gaz de France, entré en Bourse l'été dernier, refuse de fournir les chiffres mensuels de consommation, estimant qu'il s'agirait d'informations pouvant influer le cours de l'action. D'autre part, on peut connaître les quantités de fioul livrées pour remplir les cuves des particuliers, mais pas celles qui sont effectivement consommées.

Seule la baisse de consommation d'électricité est connue avec exactitude. Réseau de transport d'électricité (RTE) a révélé vendredi à l'AFP une consommation en baisse de 6% en octobre, ajoutant que la «quasi-intégralité de la variation est explicable par le chauffage» en moins. Cela représente une économie totale pour la France d'environ 40 millions d'euros. C'est aussi «l'équivalent de la consommation de 4 millions d'habitants», a affirmé Pierre Bornard, un membre du directoire de RTE. «Quand on compare en puissance, au moment du pic de consommation, vers 20H00, on a à peu près 4.000 mégawatts de moins» en moyenne, «soit l'équivalent de 4 tranches nucléaires», a-t-il ajouté.

Un autre moyen pour évaluer l'impact du mois d'octobre sur la consommation totale d'énergie est l'outil statistique des degrés-jours. «On mesure la température moyenne chaque jour comparée à une référence de température à partir de laquelle on est supposé mettre du chauffage, qui est de 16°», indique M. Moisan. Un mois d'octobre normal compte 118 degrés-jours, «soit une température moyenne autour de 12 degrés», explique-t-il, et une année de chauffe normale compte 1.941 degrés-jours. Or, en octobre 2005, le nombre de degrés jours a été de 48,8, d'après un document du ministère de l'Industrie. Cela représente 70 degrés jours de moins par rapport à la normale, soit une économie de chauffage de 3,5% sur un an.

En outre, Louis Meuric, secrétaire général adjoint de l'Observatoire de l'énergie auprès du ministère de l'Industrie, rappelle que le mois de mars 2005 «a surpris tout le monde» par sa fraîcheur et que cette année pourrait finalement être «plutôt comparable à 2004».

actionclactionfp