Une expérimentation pilote est menée à l'usine Ciments Calcia de Gargenville (Yvelines) : afin de réduire les émissions de CO2, des micro-algues sont cultivées et chargées de capter une partie de ce gaz à effet de serre. Une façon de valoriser biologiquement le gaz carbonique qui est plus intéressante que le simple stockage dans le sol.

L'industrie cimentière cherche à réduire ses émissions de CO2 par différentes mesures et innovations. La filière fait notamment évoluer ses procédés industriels selon trois axes principaux : tout d'abord en amont, en contrôlant la production de gaz carbonique par des modifications de formulation du clinker et du ciment. Ensuite, en modifiant les process de production. Enfin, plus en aval, en cherchant à traiter ou à capter tout ou partie du gaz.

 

Si la capture et le stockage souterrain du gaz est intéressante, elle est toutefois coûteuse (le gaz nécessitant d'être purifié et mis sous pression) et elle a le désavantage de ne pas valoriser le CO2. Aussi, d'autres pistes sont-elles envisagées par les industriels, notamment l'utilisation du gaz carbonique soit en tant que matière première chimique d'intérêt pour la production d'urée, soit en minéralisation le gaz et en produisant des carbonates ex- et in-situ, soit enfin en le valorisant biologiquement. L'entreprise Ciments Calcia (groupe Italcementi) mène actuellement un projet expérimental de recyclage du gaz, sur son site de Gargenville (Yvelines). Le CO2 y sert de source de carbone pour des espèces végétales à croissance rapide (10 fois plus rapide que des plantes).

 

Projets « Algues » et « Vasco »
Ciments calcia micro-algues CO2
Ciments calcia micro-algues CO2 © Ciments Calcia
L'installation pilote repose sur la culture dans des photo-bioréacteurs (des tubes en verre maintenus éclairés et chauffés à 25 °C, contenant de l'eau, des nutriments et du CO2) de micro-algues qui captent le gaz carbonique. Une fois concentrées, filtrées et séchées, elles peuvent être utilisées directement (production de biomasse ou de biocarburant) ou brûlées, afin de fournir une deuxième fois de l'énergie, améliorant ainsi le bilan carbone. Les micro-algues peuvent même, dans le cas de certaines espèces, produire des molécules à haute valeur ajoutée : lipides, protéines, pigments, antioxydants, etc. Des produits qui peuvent représenter jusqu'à 25, voire 50 % du
poids de la micro-algue. Mais pour l'instant, l'installation n'en est qu'à ses balbutiements. L'industriel teste actuellement les souches les plus adaptées au captage du CO2. Si les expérimentations ont véritablement démarré avant l'été 2011, les résultats définitifs ne seront toutefois pas connus avant 2013. Il sera alors temps de passer du stade expérimental au stade industriel, un saut qui n'est pas du tout maîtrisé. Les débuts sont donc modestes.

 

Sur le site de Beaucaire (Gard), Ciments Calcia mène un autre projet, « Vasco » (Valorisation et stockage du CO2), un programme global de management du dioxyde de carbone sur toute la zone Fos-Berre-Gardanne qui implique différents partenaires, y compris une aciérie (Arcelor Mittal), des complexes pétrochimiques, ou des centrales thermiques à gaz et à charbon. Les émissions locales sur la zone pourraient atteindre les 20 Mt/an en 2025. D'où la volonté de développement durable territorial grâce à une optimisation entre la valorisation biologique et industrielle du CO2 (utilisation dans l'agro-alimentaire ou dans le traitement des eaux), et le transport stockage de gaz, soit en milieu aquifère salin profond (au large de Fos) soit par bateau pour la récupération assistée d'hydrocarbures au Moyen-Orient (via le terminal de liquéfaction de Fos). La première phase du projet, qui dispose d'un budget de près d'un million d'euros, servira à évaluer les différentes valorisations possibles, leurs paramètres clefs et leurs bénéfices potentiels. Le tout avant de démarrer une phase de tests pilotes peut-être en 2013.

 

La cimenterie de Gargenville en quelques chiffres :
Ciments calcia cimenterie gargenville
Ciments calcia cimenterie gargenville © Ciments Calcia

- Dernière cimenterie d'Île-de-France, elle couvre 20 % des besoins de la région et 50 % de ceux du département des Yvelines ;
- Production annuelle de 600.000 tonnes de produits répartis en quatre types de ciments normalisés, 75 % en vrac et 25 % en sacs ;
- Des rejets de 300.000 tonnes de CO2 par an

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