Avec un chiffre d'affaires de près de 900 millions d'euros en 2014, le marché de la domotique affiche une bonne santé. Si les fabricants et les revendeurs des objets de la "maison intelligente" sont connus depuis une vingtaine d'années, en revanche les métiers de ceux qui les dépannent et assurent leur maintenance peinent à se faire un nom.

S'il tarde encore à s'imposer dans le secteur tertiaire, le marché de la domotique demeure toujours bien implanté chez les particuliers. "La France est ainsi, à l'heure actuelle, deuxième sur le marché de la domotique en Europe, avec un chiffre d'affaires de 900 millions d'euros en 2014", nous rappelle François-Xavier Jeuland, président de la Fédération française de Domotique (FFD) et ingénieur-conseil spécialisé en smart home et smart building.

 

"Et la tendance domotique va s'accentuer ces prochaines années, les personnes fragiles et leurs proches souhaitant être rassurées à travers des installations de télésurveillance et de sécurité, ajoute-t-il. Autre constat, les jeunes commencent eux aussi à s'intéresser au phénomène avec la gestion de l'énergie ou encore le contrôle des objets à distance."

"Plus que la domotique, c'est l'immotique, qui a de l'avenir"

Au final, plus que la domotique, c'est l'immotique, autrement dit l'application de la domotique à des immeubles entiers qui semble promise à un bel avenir, confirme-t-il. "Avec la Gestion technique du bâtiment, on voit bien qu'on a une activité qui marie haute technologie et souci d'économies d'énergie, notamment", signale l'ingénieur-conseil.

 

La Fédération observe aussi que les fabricants et les revendeurs de matériel domotique sont donc, logiquement, plus nombreux qu'autrefois. "Nous ne disposons pas encore de chiffres très fiables car nous sommes présents sur une douzaine de filières mais nous pouvons dire que le nombre de professionnels formés et compétents se développe très rapidement, ajoute-il. Deux cas de figure se présentent dans notre métier, soit l'artisan (électricien, chauffagiste) qui se forme à la domotique, soit l'intégrateur qui maitrise l'ensemble des technologies liées à l'habitat connecté."

 

Globalement, titulaire d'un BTS ou d'une licence professionnelle, le domoticien - dont le premier salaire débute aux alentours de 1.580 euros net- doit se former tout au long de sa carrière pour rester à la pointe des innovations, s'accorde à dire la FFD.

 

"Après avoir cerné les besoins du client (porte automatique, régulation du chauffage, système d'alarme...), le domoticien lui propose des solutions en lui expliquant bien les conditions d'utilisation et le coût du dispositif", ajoute-t-il. Ce qui se traduit, justement, par l'élaboration d'un devis.

 

Une fois l'installation du matériel supervisée, le domoticien procède en général lui-même à sa mise en service et assure également un suivi auprès de l'utilisateur. "Au moindre dysfonctionnement, il envoie sur place des agents de maintenance et répertorie soigneusement les informations qu'ils lui font remonter", ajoute-t-il. Dans les cas les plus complexes, il se déplace lui-même pour effectuer un diagnostic.

"Des métiers liés à un domaine auxquel on ne pense pas toujours : ceux autour de la maintenance et de la réparation des objets de domotique"

Avant de reconnaître : "Effectivement, il existe des métiers liés à un domaine auxquel on ne pense pas toujours : ceux autour de la maintenance et de la réparation des objets de domotique !" D'autant plus que la domotique appelée aujourd'hui "2.0" continue d'évoluer très vite sur le marché de la construction.

 

"Des volants roulants aux portails motorisés en passant par les alarmes, la domotique n'est pas nouvelle et la demande existe depuis une vingtaine d'années, rappelle François-Xavier Jeuland. Toutefois, depuis désormais cinq ans, on observe une accélération réelle et une diversification autour du matériel sans fil, dit connecté, que l'on commande depuis un smartphone ou une tablette."

 

De son côté, Didier Rousvoal, expert en domotique depuis 28 ans, s'est aussi aperçu que le SAV de ces nouvelles technologies était légèrement laissé pour compte. C'est pourquoi, en 2013, il crée SOS Domotique : une société spécialisée dans l'installation et dans le dépannage des contrats de maintenance, relatifs aux différents dispositifs domotiques équipant les bâtiments.

 

"En constatant que les particuliers sont confrontés à des problèmes d'installation, parfois, mais de maintenance surtout, les fabricants font de temps en temps appel à nous", poursuit Didier Rousvoal dans un communiqué. Ce modèle économique, associant vendeurs à distance et installateurs et réparateurs locaux, va dans le bon sens signale la Fédération.

 

"C'est sur ce sujet-là notamment de la sécurité, que nous devons être irréprochables vis-à-vis des particuliers, ajoute à son tour François-Xavier Jeuland. Au-delà de la maintenance et de la réparation, c'est aussi ce travail-là que nous, professionnels, devons accomplir : les sensibiliser à la meilleure manière de se protéger par exemple contre le piratage informatique."

Davantage de formation

Fort de ce constat, la profession de la domotique reconnaît qu'il faut former davantage les fabricants et les revendeurs à la domotique 2.0 sans compter les conseillers de vente notamment dans les Grandes surfaces alimentaires (GSA)et Grandes surfaces de bricolage GSB (BAC+2 et BAC+3). "Si l'on pense que ces produits vont se vendre comme des cafetières ou lave-linge, on se trompe forcément, aime à répéter le président de la Fédération française de Domotique. C'est pourquoi, nous sommes rassurés que les GSA et GSB soient convaincues que les points de ventes doivent être améliorés grâce à une bonne expertise de leur force de vente. Aujourd'hui, ces conseillers de vente deviennent réellement des consultants en la matière."

 

Autre constat sur ce marché de la maison intelligente : les nouveaux arrivants sont d'une génération qui a grandi avec cette nouvelle technologie. "C'est pourquoi après deux à trois années d'expérience, le technicien installateur doté d'un BTS Domotique, ira vers la programmation Smart Home", complète-t-il.

 

Avant de conclure : "Si ces métiers-là sont encore fragiles, la nouveauté de la profession est aussi l'intégrateur, issu de l'univers informatique, Hi-Fi, mais aussi électrique et multimédia. C'est alors à nous, en tant que Fédération, de les faire connaitre auprès du grand public et de mettre en avant leurs compétences."

 

Quelle formation pour accéder au métier de domoticien ?
Le BTS domotique se prépare en 2 ans après un bac STI2D (développement durable) ou un bac pro. Sélection sur dossier. Au programme : maths, physique-chimie, anglais commercial et technique, français. Le plus gros volume horaire étant affecté à l'étude, à la conception et à la mise en oeuvre des systèmes, d'une part, à la négociation technique et commerciale, d'autre part. Autres formations envisageables, bien que moins directement orientées vers le métier de domoticien : le BTS électrotechnique ou le BTS fluides, énergies, environnement. Les titulaires de ces BTS peuvent poursuivre en licence professionnelle (licence pro Sciences et technologies électricité et électronique spécialité systèmes électroniques de sécurité et télésurveillance ou licence pro Sciences et technologies électricité et électronique spécialité systèmes électroniques de sécurité et télésurveillance ). ou s'orienter vers un master (Master pro Sciences, technologies, santé mention électronique spécialité domotique et réseaux intérieurs ). Ou tenter d'intégrer une école d'ingénieur pour rejoindre une filière en relation avec la domotique ou l'immotique soit en génie climatique et énergétique soit en génie thermique soit en télécommunications.

 

Fédération française de la domotique et Onisep

 

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