ÉCONOMIE. À l'occasion de la publication de son étude annuelle sur la santé financière des entreprises de la construction, la présidente du directoire de BTP Banque, Sylvie Loire-Fabre, livre son analyse de la conjoncture "Covid" à Batiactu. Trésoreries, PGE, délais de paiement... Revue des principaux sujets économiques dans le bâtiment et les travaux publics.


Batiactu : BTP Banque a publié son étude annuelle sur la santé financière des entreprises de la construction pour l'exercice 2019. Comment résumeriez-vous ce cru ? Quels en sont les principaux faits marquants ?

 

 

Sylvie Loire-Fabre : Pour commencer, je tiens à préciser que les chiffres que l'on pouvait espérer pour 2020 ne tiennent plus à cause de la crise du Covid-19. Le cru 2019, pour sa part, peut être résumé comme un bon exercice pour le BTP dans son ensemble, avec une rentabilité nette qui est en progression, des trésoreries qui se redressent, une part des entreprises en perte qui continue à baisser… Depuis 3 ans, on avait une inversion positive des courbes mais la profession a malheureusement été stoppée nette dans son élan à cause du Covid : le début 2020 était parti sur le même rythme, toutes ces améliorations étaient lancées.

 

Le seul bémol, c'est la baisse de la valeur ajoutée, qui traduit en fait une externalisation de plus en plus forte au sein du BTP, c'est-à-dire que les entreprises sous-traitent de plus en plus leur activité depuis 2008, ce qui n'est pas dans la tradition du bâtiment et des travaux publics. De plus, les délais clients ont baissé en 2019, mais quand nous les comparons à leur niveau de 2008 et en dépit de la loi LME (Loi de modernisation de l'économie, ndlr), on s'aperçoit qu'ils n'ont pas véritablement diminué. Ceci dit, il y a des particularités propres à la construction : nous avons relevé de plus en plus de litiges sur des situations de travaux dans le poste client, un phénomène de plus en plus fréquent car le monde du BTP, à l'image du reste de la société, se judiciarise de plus en plus et il y a des contestations croissantes. Les décomptes généraux définitifs enregistrent des délais de plus en plus longs et des PME ne font pas appel à la caution de retenue de garantie, ce qui leur cause un manque à gagner de 5% du marché dans leur trésorerie, et cela contribue également à ce que les délais clients soient aussi élevés dans le secteur. La profession génère donc, de-par son activité, des délais déjà supérieurs et qui n'arrivent malheureusement pas à diminuer sensiblement.

 


Batiactu : Même s'il est évidemment encore très difficile de chiffrer précisément l'impact du Covid à l'heure actuelle, dans quelle fourchette estimez-vous qu'il pourrait s'inscrire ?

 

S. L.-F. : BTP Banque a été créée par la profession et travaille uniquement pour la profession, nous sommes le banquier de référence car nous possédons l'expertise du secteur. En tant que banquier de plein exercice, nous nous basons sur la partie chiffre d'affaires et facturation, avec les flux entrants et sortants de nos livres de comptes, pour estimer ces tendances. Pendant les 2 mois d'arrêt, il n'y a pas eu de rentrées d'argent et peu de sorties, donc par rapport à la prévision initiale nous nous attendons à une facturation globale en baisse de 12 à 13% en comparaison à l'année dernière. C'est une révision pour le moins brutale, car il aurait dû y avoir une hausse, que ce soit dans le bâtiment ou les travaux publics, bien que la progression des facturations a déjà été très importante dans les TP en 2019 et qu'on pouvait s'attendre à un tassement en 2020.
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