URGENCE. La réforme de MaPrimeRénov' en 2024 pourrait-elle déboucher sur un important ralentissement du marché de la rénovation énergétique ? C'est le paradoxe que souligne la Capeb, qui demande à la Première ministre d'intervenir, alors que le gouvernement s'est fixé des objectifs plus ambitieux que jamais en la matière.

C'est présenté comme un "appel de la dernière chance" : la Capeb revient à la charge, en ce 1er décembre 2023, pour signifier au gouvernement que sa réforme de MaPrimeRénov' (MPR) en 2024, telle qu'envisagée actuellement, ne permettra pas d'accélérer sur la rénovation énergétique. Au contraire, elle pourrait même venir ralentir l'activité en excluant un trop grand nombre de bénéficiaires potentiels. L'organisation professionnelle en appelle ainsi à la Première ministre pour engager une "révision immédiate" des projets de textes, sous peine d'entrer dans un scénario de "catastrophe annoncée".

 

Le parcours accompagné, réservé à "un nombre réduit de ménages" ?

 

La vision gouvernementale de MPR pour l'année prochaine est ainsi entachée de nombreuses erreurs de jugement, estime la Capeb. A commencer pas l'exclusion des mono-gestes pour les passoires thermiques ; les propriétaires de ce type de biens ne pourront que s'engager dans des travaux multi-gestes, dits "travaux d'ampleurs". Avec, à la clé, un reste à charge à financer. "Seul un nombre réduit de ménages pourra, dans la pratique, bénéficier de cette aide", assure ainsi l'organisation représentant les artisans du bâtiment, qui pointe également la difficulté d'effectuer une rénovation significative en site occupé chez un particulier. En ce qui concerne le parcours mono-geste, la Capeb pointe par ailleurs la priorité donnée à la pompe à chaleur. N'aurait-il pas mieux valu maintenir les chaudières gaz à très haute performance, ou encore des gestes d'isolation, dont l'efficacité n'est plus à démontrer ?

 

"Éviter le pire pendant qu'il en est encore temps !"

 

Autre crainte formulée par la Capeb : la nouvelle mouture de MPR, ciblant les rénovations d'ampleur, ne va-t-elle pas favoriser les entreprises générales tous corps d'état, la "sous-traitance en cascade", au détriment des petites structures spécialisées ? Alors qu'en parallèle, l'organisation considère l'accès au label RGE toujours trop complexe, le nombre d'entreprises qualifiées ne "cessant de diminuer". Pourtant, estiment les artisans, c'est bien par la mise en place d'un soutien financier à des milliers de "petits chantiers" que la massification de la rénovation énergétique deviendra réalité. "J'invite tous les acteurs [du secteur] à se joindre à notre appel pour éviter le pire pendant qu'il en est encore temps !", implore Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, espérant déclencher un effet boule de neige.

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