PARITÉ. Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, le laboratoire d'idées Léonard a organisé une conférence-débat intitulée "Être une femme dans le BTP : une mission possible". Plusieurs salariées de différentes entreprises du secteur ont ainsi pris la parole pour témoigner de leur parcours et de leur quotidien dans un monde plutôt viril.

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le laboratoire Léonard - structure du groupe Vinci spécialisée dans le partage d'idées autour de la ville et des infrastructures - a organisé ce vendredi 8 mars à Paris une conférence-débat intitulée "Être une femme dans le BTP : une mission possible". Le but : faire témoigner des salariées de différentes entreprises de la construction pour recueillir leur expérience dans un secteur d'activité plutôt masculin. En effet, d'après les chiffres avancés lors de cette matinée, on comptabilise moins de 30% de femmes dans les écoles d'ingénieurs, et environ 21% dans le monde de la construction. De plus, les femmes restent très peu présentes à des postes de direction. "Le chantier est un milieu accueillant, même pour les femmes, car il y a une envie collective de faire avancer le projet", note Alice Blouët, ingénieure d'affaires au département structures de Freyssinet International. "Mais le sexisme reste ordinaire et assumé dans beaucoup de domaines, par exemple pour prendre les congés maternités. Je sens le poids des stéréotypes du genre."

 

"Soyez prêtes à vous battre !"

 

En outre, les femmes se retrouveraient confrontées à un autre frein, qu'elles se posent elles-mêmes : elles n'oseraient pas aller de l'avant, manqueraient de s'affirmer dans leur milieu professionnel, et ne seraient ainsi pas en mesure de saisir les opportunités qui se présentent à elles. "Il manque de femmes dans des rôles-modèles de dirigeants et de cadres haut placés pour inspirer les autres femmes. La construction se féminise et les hommes n'attendent que nous, mais soyez prêtes à vous battre !", a ensuite lancé Alice Blouët à l'assistance, majoritairement féminine.

 

 

L'idée de dépasser les barrières installées sur la route des salariées a été reprise plusieurs fois durant la conférence, en insistant sur le fait que les femmes elles-mêmes sont les premières responsables de ces obstacles dressés sur leur parcours. "J'ai identifié deux freins : le syndrome de la bonne élève, et le syndrome de l'imposteur - quand la modestie devient pathologique", explique à son tour Claire Schnoering, "talent & learning director" chez Vinci Construction. "Pour moi, il y a deux pistes à creuser : croire en soi et se donner à 100%."

 

Imposer des quotas, une solution à envisager ?

 

Quoi qu'il en soit, plusieurs solutions ont été avancées pour répondre à cette problématique, comme l'instauration de quotas. Bien que la discrimination positive soit illégale en France - du moins sur le papier -, imposer des effectifs féminins à respecter dans les entreprises permettrait potentiellement de régler le problème. Florence Gombart, directrice de projets chez Petit : "Pour une femme, c'est plus simple de travailler dans la gestion, ou dans la communication, que d'être sur les chantiers. Une bonne voie serait de passer par des quotas." La conclusion de l'évènement s'est néanmoins voulue optimiste : les intervenantes ont souligné qu'en dépit des préjugés, les femmes peuvent aujourd'hui décrocher des postes et trouver leur place au sein du monde de l'entreprise. De plus en plus, les femmes, à compétences égales, ont autant de possibilités d'insertion et d'évolution que les hommes.

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