Malgré une conjoncture fébrile et des chantiers particulièrement frappés par le gel cet hiver, le marché de la vente et de la location française résiste bien avec 8 Md€ et près de 30.500 emplois en 2011. Les carnets de commandes des constructeurs ne désemplissent pas alors qu'une grande partie des majors du BTP n'hésitent pas à augmenter leur parc de matériel cette année. La relation tripartite loueurs, entreprises de construction et clients a été longuement débattue mardi 17 avril au cours de deux tables rondes organisées par l'European Rental Association (ERA). Décryptage.

D'un côté, les dernières tendances notamment en matière d'offre des sociétés de location et la vision à long terme des entreprises de construction au regard de l'externalisation de leurs besoins en matériels… Pour en parler étaient présents à la table ronde organisée par l'European Rental Association (ERA), Michel Ducasse, directeur Technique Ressources, Eurovia, Neil Stothard, directeur général Groupe, VP, Pierre Boels, directeur général de Boels Group, Jacques Perron, directeur général, Razel/Bec-Groupe Fayat et Gérard Déprez, Pdg de Loxam.

 

« Nous sommes tous membres de la même filière, et on est tous dépendants de la même filière, il y a donc lieu d'anticiper et de comprendre les besoins de chacun et des autres », a rappelé ce dernier. D'ailleurs, tous s'accordaient à dire qu'il n'y a pas «d'opposition» entre eux et «zéro point de rupture» entre les trois membres de la filière. Toutefois, Gérard Déprez tempère : « Oui, la relation entre les acteurs de la chaîne se durcit un peu lorsque la conjoncture devient plus tendue. C'est vrai pour les loueurs, constructeurs et clients.»

 

Quelles sont alors leurs principales interrogations ? « Elles sont directement conduites par la conjoncture, poursuit le dirigeant de Loxam. C'est elle qui traduit le mouvement de la filière avec des temps de latence pour certains sur comment nous devons nous positionner.» La seconde interrogation porte sur le « durcissement des frais bancaires ». La philosophie de recours à la location change, d'après Gérard Déprez. « Et chacun se refile la patate chaude, et chacun hésite à investir », nous confie-t-il.
Loxam, numéro un de la location en Europe et 7ème loueur mondial, qui prévoit de réaliser un chiffre d'affaires de l'ordre de 860 M€, en augmentation de 3% par rapport à 2011, n'est pas inquiet pour les mois à venir. En revanche, 2013 s'annonce plus complexe. « Une entrée en récession n'est pas à exclure et désormais la gestion de la trésorerie prime avant tout», indique Gérard Déprez. Et de conclure : « Même si les gros chantiers sont là, nous sentons bien que la location démarrera concrètement dès 2013… Et puis lorsqu'un chantier débute, ce n'est pas le meilleur créneau pour l'utilisation maximale des matériels ».

 

Un loueur présent à la table ronde commente la conjoncture du marché de la location : « Il y a davantage d'éclaircies par rapport à il y a trois ans et nous n'avons pas de raisons de nous faire surprendre par la crise. Mais il n'est pas exclu qu'elle soit plus dure prochainement et l'on saura mieux aujourd'hui y faire face. »

 

Locations et ventes intermat
Locations et ventes intermat © Sources: Off Highway Research, Seima/Cisma
La mise en place d'un nouveau «business model» pour certains?
La seconde table ronde s'est concentrée elle sur l'impact de l'activité des sociétés de location sur les investissements de fabricants de matériels et l'état de leurs carnets de commandes, ainsi que de la part du marché de location pour les ventes de matériels neufs. Etaient présents pour en débattre : Vesa Koivula, directeur général de Cramo, Peter Schrader, directeur général de MVS Zeppelin Rental, Françoise Rausch, directeur de JCB Sales, Alexander Greschner, directeur marketing et commercial, Ammann Group.

 

Le besoin pour les deux industries de développer une nouvelle culture de collaboration sur le long terme a tout d'abord été abordé. Ainsi, Caterpillar a jugé important de redéfinir sa stratégie en matière de location, particulièrement dans l'Hexagone. « Nous avons, par exemple, changé notre stratégie concernant la location, en accord avec notre distributeur Bergerat Monnoyeur, nous indique un représentant de Caterpillar sur son stand. Et la vente de BM Location à Kiloutou est une première étape de cette restructuration. » Avant d'ajouter : « La maîtrise des applications et du marché, une gamme de produits différenciés et la présence sur le marché de la vente, de machines neuves, de matériels d'occasion, ou de la location sont des points très importants dans notre nouvelle stratégie. C'est ce que l'on appelle, la mise en place d'un nouveau 'business model'.»

 

Chez le constructeur britannique JCB, Philippe Langrand, directeur commercial a réaffirmé l'importance de la fabrication de matériels pour les loueurs. « Cela représente, en effet, une part non négligeable, avec environ 60 % des ventes de mini-pelles », détaille-t-il. Et d'ajouter : « Nous comptons donc sur ces engins pour pénétrer ce marché.» Alors, les fabricants devront-ils être des loueurs ? Françoise Rausch, directeur de JCB Sales, de déclarer : « On ne s'inscrit pas pour devenir des loueurs, car nous sommes avant tout des fournisseurs avec des partenaires fidèles.»

 

Au final, la confiance est aussi de mise chez les constructeurs. « Certes, la crise mondiale existe, mais nos amis loueurs vont bien ! Et il n'y a pas de raison d'être pessimiste », ont-ils conclu.

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