POSITION. Le président de la République s'est exprimé au sujet de la crise du logement, pointant un "système" cher et inefficace.

Les acteurs de la construction et du logement avaient peut-être été rassurés par les récentes annonces d'Elizabeth Borne pour relancer leur secteur. Mais ils seront probablement refroidis par la prise de parole du chef de l'État, dans les colonnes du magazine Challenges, ce 11 mai 2023. "On a créé un système de surdépenses publiques pour de l'inefficacité collective", a-t-il pointé, à propos du secteur du logement. Autrement dit, il persiste et signe dans l'analyse qu'il tient depuis l'élection présidentielle de 2017. Elle s'était concrétisée, lors du premier quinquennat, par des décisions telles que la réduction du loyer de solidarité pour les bailleurs sociaux et le resserrage des dispositifs de soutien à la construction neuve (Pinel, PTZ). Les professionnels de l'acte de construire, de leur côté, n'ont bien sûr jamais souscrit à cette analyse, considérant que si le logement avait effectivement un certain coût pour la sphère publique, mais qu'il lui rapportait encore plus du fait des divers impôts et taxes.

 

La France, un "paradis pour les investisseurs immobiliers"

 

"C'est un secteur où l'on finance l'offre, l'investissement et la demande", a-t-il ajouté. "Malgré tout, on produit moins, et c'est plutôt plus cher qu'ailleurs. Cette économie mixte n'est pas efficace. La vérité c'est qu'on a beaucoup d'aides et qu'on a créé un paradis pour les investisseurs immobiliers."

 

Le chef de l'État reconnaît toutefois que le secteur traverse une crise "multifactorielle", avec notamment un moindre accès au crédit immobilier des ménages, et des maires "à la tête de grandes métropoles" qui ne "veulent plus construire". Il préconise, pour sortir de l'ornière, un "double choc". D'abord par la simplification et la réduction des délais pour produire de nouveaux logements. Puis par un développement plus dynamique du logement locatif intermédiaire pour "baisser les prix". Des propos qui rappellent ceux tenus lors des 24 heures du bâtiment de la FFB, fin 2022. Il en appelle enfin à une nouvelle concertation, une "conférence des parties", estimant qu'on ne pouvait pas "tout attendre de la réforme gouvernementale". Le chef de l'État ne précise pas si le CNR logement, dont les résultats devraient être bientôt connus, constitue cette "conférence des parties".

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