Un scandale immobilier dévoilé par le Canard Enchainé, des pluies de critiques, puis une démission et une nomination : Jean-Paul Bolufer, le directeur de cabinet de Christine Boutin a dû quitter ses fonctions jeudi. C’est l’énarque Alain Lecomte qui a été nommé à sa place. Retour sur le contexte de cette affaire.

Alain Lecomte, ancien directeur général de la Direction générale de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction (DGUHC), a été nommé jeudi directeur du cabinet de la ministre du Logement et de la Ville Christine Boutin, après la démission forcée de Jean-Paul Bolufer. Le Canard Enchainé avait révélé mercredi que Jean-Paul Bolufer était logé depuis 1981 dans un appartement de 190 m² à loyer modéré au prix de 6,30 euros le m², appartenant à la Régie immobilière de la Ville de Paris (Rivp).

Après 24 heures de critiques émanant de l’opposition comme de la majorité, l’ex directeur de cabinet a fait savoir qu’il souhaitait «que la chambre régionale des comptes fasse une enquête très rapidement sur les conditions d’attribution et de fixation des loyers dans l’ensemble des parcs privés des collectivités territoriales d’Ile-de-France», en assurant avoir «montré l’exemple» en donnant sa démission, ce qu’il dit avoir fait d’un commun accord avec Christine Boutin. Il a en outre affirmé avoir voulu rendre les clés de l’appartement en cause, mais la Rivp n’aurait pas donné suite à sa demande.

Des affaires récurrentes
Si cette «affaire» tombe alors que la pénurie de logement social est au cœur des préoccupations du gouvernement, ce n’est pas la première fois qu’un responsable politique est épinglé pour avoir bénéficié de conditions de logement préférentielles. En 2005, le ministre des Finances Hervé Gaymard avait démissionné à la suite d’une vive polémique concernant son appartement de fonction de 600 m² au loyer mensuel de 14.000 euros, aux frais de l'Etat. Dix ans plus tôt, le Canard Enchainé révélait que les enfants de Jean Tibéri, alors maire de Paris, occupaient chacun un logement à loyer modéré de la Ville, bien que déjà propriétaires d’appartements parisiens. La même année, le journal avait également mis en lumière la manière dont Jacques Chirac avait, pendant son mandat de maire de la capitale, loué un logement de 189 m2 à un prix inférieur au marché à une SCI indirectement contrôlée par la mairie de Paris.

Selon l’Union sociale pour l’habitat (USH), environ 200.000 logements sur les 4 millions que compte le parc HLM sont occupés par des foyers dépassant le plafond de revenu autorisé. Un sur-loyer est demandé en cas de dépassement de 20% du plafond du revenu, mais l’USH reconnait cependant être «incapable de savoir si les locataires du parc social sont propriétaires ou non de résidences secondaires».

AP-HP veut déloger son ancien secrétaire général
L’assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) poursuit en justice Patrick Corbin, son secrétaire général jusqu’en 1994 aujourd’hui conseiller-maître à la cour des comptes. AP-HP reproche à Patrick Corbin de continuer à occuper un logement de 150 m² faisant partie de son parc immobilier pour un loyer de 1.700 euros mensuels, soit un prix bien inférieur au prix du m² pratiqué à Paris. La première procédure judiciaire intentée par AP-HP n’avait pas abouti.

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