Trois questions à Michel Destot, président (PS) de l'Association des maires de grandes villes de France (AMGF), et député-maire de Grenoble.

Batiactu : Existe-il toujours des difficultés à mobiliser des financements bancaires ? Cela conduit-il à revoir les projets d'investissements en raison d'annulation ou de décalage dans le temps ?
Michel Destot :
La dernière enquête de l'AMGF réalisée en mars dernier révèle une baisse des investissements pour la majorité des villes et agglomérations en 2012. Pour rappel : sur 33 grandes villes et communes consultées, 30% d'entre-elles prévoient une baisse de près de 20 %, et 30 % une baisse de 10%. Or, il est complexe de dire si cela va conduire à revoir les projets d'investissements car nous sommes au milieu de l'exécution du budget 2012. Toujours est-il que les maires continuent à se battre pour éviter l'assèchement. Rappelons que l'offre 2012 se situe entre 14 et 15 Md€ pour des besoins de 18 Md€. A ce titre, les déblocages de l'enveloppe de 5Md€ sur les fonds d'épargne gérés par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), et de celle de la Banque Postale qui vient d'être débloquée, vont dans le bon sens.

 

Batiactu : Où en est la mise en œuvre de l'agence de financement des collectivités locales ?
Michel Destot :
Nos derniers échanges ministériels nous laissent penser que le projet d'agence constitue une priorité pour le Gouvernement. Ce projet a pris beaucoup de retard et demande encore beaucoup de temps avant sa mise en œuvre. Les obstacles n'ont toujours pas été levés : aménagement législatif, instruction de dossier auprès de l'autorité prudentielle. Nous nous battons pour qu'elle puisse être opérationnelle avant fin 2013.

 

Batiactu : Pensez-vous avoir rassuré les acteurs du BTP ?
Michel Destot :
Cela va dans le bon sens. Il y a un réflexe de précaution des élus locaux et des grandes collectivités visant à ralentir un peu les investissements. Mais encore, il y a eu ces temps-ci moins de commandes de la part des collectivités, en grande partie, ce qui s'est traduit par une baisse de l'activité économique du pays. Il subsiste donc des craintes sur l'effort d'investissement. Rappelons que les collectivités locales financent 70 % des investissements publics et remplissent près de 50 % des carnets de commandes des entreprises de TP. Le gros problème : le secteur du BTP représente des emplois moyennement qualifiés, qui se traduit souvent par un chômage long. Il faut donc redresser la barre : avoir plus de crédit et plus de volonté des collectivités pour pouvoir investir. Toutefois, il ne faut pas dans le même les stigmatiser en disant que ce sont des investissements inutiles. Or, il était bon d'organiser une table ronde réunissant les acteurs du bâtiment, des collectivités locales et les financeurs.

Propos recueillis par Sébastien Chabas

Découvrez en page 4, les résultats d'une étude TNS Sofres sur les perspectives d'investissement.

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