Une étude américaine montre que les turbines éoliennes constitueraient un danger mortel pour les chauves-souris qui n'arrivent pas à anticiper le mouvement rapide des immenses pales. Plusieurs dizaines de milliers de ces animaux, indispensables à la régulation des populations de moustiques, en seraient victimes chaque année.

Les chauves-souris se battent-elles contre des moulins à vent ? Car les éoliennes s'avèreraient être un piège pour elles. Telle est la conclusion d'une étude menée par des chercheurs de l'université du Colorado (Etats-Unis) qui estiment qu'en 2012, 600.000 de ces animaux nocturnes auraient été victimes d'impact avec les pales, et ce, sur le seul territoire américain… Le chiffre reste cependant sujet à discussion, oscillant entre 33.000 et 880.000. Mais les scientifiques restent d'accords sur un point : la survie des espèces de chauves-souris serait menacée par les éoliennes. Les animaux, qui sortent chasser la nuit à l'aide de leur système d'écholocation par ultrasons, n'arriveraient pas à anticiper le mouvement rapide des pales géantes.

 

Un choc inévitable et un impact écologique
Car l'extrémité de ces hélices atteint une vitesse linéaire très élevée. Par un simple calcul mathématique, on voit que le bout d'une pale parcourt une distance de plusieurs centaines de mètres à chaque révolution : pour une hélice de 100 mètres de diamètre, cette valeur est de 2 x π x r, soit 2 x 3,14 x (100/2) = 314 mètres. A raison d'une vitesse de rotation moyenne de 15 tours/minute, la distance parcourue par la pointe de la pale est donc de 4,7 km/minute soit… 282 km/heure. Difficile dès lors d'éviter le choc, forcément fatal pour la chauve-souris. Le problème est que, si ces animaux ne sortent pas par grand vent, les éoliennes, elles, tournent même avec une petite brise. Et une augmentation du seuil de fonctionnement pour que les turbines ne se déclenchent qu'au-delà de 30 km/h de vent, permettrait de diminuer la mortalité des chauves-souris de 40 à 90 %. Mais c'est alors toute la pertinence des parcs éoliens qui serait remise en question.

 

Or, les chiroptères jouent un rôle important dans la pollinisation des plantes et dans la régulation de la population de moustiques. Détail intéressant, une prolifération d'insectes entraînerait… une baisse de l'efficacité aérodynamique des éoliennes. Peut-être des dispositifs d'effarouchement des mammifères volants pourraient-ils être installés sur les machines ? Reste une ultime solution : ne construire que des parcs en mer, où il n'y a ni chauves-souris, ni moustiques… et où les mâts d'éoliennes deviennent des paradis pour crustacés.

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