Place de la formation en alternance dans la politique gouvernementale, contrats de génération, "panne de l'apprentissage" dans le secteur du BTP, financement : le ministre délégué à la Formation professionnelle et à l'Apprentissage, Thierry Repentin, détaille en exclusivité à Batiactu ses projets, à l'occasion d'une rencontre aux 70 ans du CCCA-BTP célébrés ce mercredi 14 novembre à Paris.

Batiactu : Au cours de son dernier quinquennat, Nicolas Sarkozy a misé sur les formations en alternance, qu'en est-il aujourd'hui? Le nouveau chef de l'État, François Hollande, ne les a-t-il pas oubliées au profit de ses emplois d'avenir et contrats de génération?
Thierry Repentin :
Les formations en alternance ne sont pas du tout oubliées, bien au contraire. Elles s'inscrivent totalement dans la priorité Jeunesse du président de la République et sont l'un des moyens qui permettront de contribuer de manière très substantielle à atteindre l'objectif qu'ont fixé ensemble l'Etat et les Régions le 12 septembre dernier : diviser par deux, sur la durée du quinquennat, le nombre de jeunes sans qualification professionnelle.

 

La voie de l'apprentissage sera un levier de cette politique. Elle est l'une des voies de réussite permettant aux jeunes d'accéder à la qualification professionnelle et à l'emploi. Mais le Gouvernement ne souhaite pas, comme cela s'est fait par la passé, afficher de manière fracassante des objectifs chiffrés qui ne tiennent aucun compte des réalités et que personne ne prend au sérieux puisqu'ils sont annoncés sans même demander l'avis des acteurs concernés, au premier rang desquelles se trouvent les entreprises qui signent les contrats de travail !

 

C'est pourquoi le"Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi" a fixé un objectif de croissance du nombre d'apprentis de l'ordre de 2,5 % par an, pour atteindre 500.000 en 2017. Ce serait déjà une très belle réussite dans le contexte économique difficile que nous connaissons.

 

Batiactu : Les patrons de PME ne risquent-ils pas justement de basculer de l'alternance au contrat de génération ?
Thierry Repentin :
Non, je ne le pense pas. Le contrat de génération n'est pas complètement défini aujourd'hui puisque la loi qui le créera est en préparation. Mais, à la demande du Gouvernement, les Partenaires sociaux ont négocié sur ce sujet et ont d'ores et déjà signé unanimement un accord national interprofessionnel qui montre qu'ils ont bien compris que le contrat de génération pouvait être non pas une menace pour l'alternance, mais au contraire un levier de son développement, aussi bien dans les petites que dans les grandes entreprises.

 

Cet accord aborde en effet l'articulation possible des contrats en alternance et du contrat de génération, en amont de celui-ci, lors de l'embauche d'un jeune en CDI à l'issue de son contrat en alternance dans l'entreprise.

 

Batiactu : Avec une conjoncture particulièrement difficile, craignez-vous une panne de l'apprentissage dans le secteur du BTP ?
Thierry Repentin :
Je sais que cette conjoncture difficile touche assez durement le secteur du BTP. Toutes les organisations professionnelles du secteur me le disent. Mais une chose est frappante lorsque je les reçois : elles me parlent toutes avec beaucoup de passion de l'apprentissage. Toutes partagent la conviction selon laquelle les périodes difficiles doivent malgré tout être mises à profit pour préparer l'avenir, construire les compétences de demain.

 

J'ai le sentiment que si l'on devait constater en fin d'année une légère baisse du nombre de contrats d'apprentissage signés par les entreprises du BTP, on n'assisterait pas pour autant à un effondrement. La Profession du BTP a l'apprentissage chevillé au corps, il est en quelque sorte inscrit dans son ADN, et j'ai la conviction que cela se vérifiera une fois de plus.

 

Batiactu : Envisagez-vous une nouvelle réforme sur le sujet, en particulier en ce qui concerne la collecte de la taxe d'apprentissage?
Thierry Repentin :
Nous examinons aujourd'hui tous les aspects du dossier apprentissage : Comment un jeune choisit-il l'apprentissage ?
Comment y entre-t-il ? Comment s'y forme t-il ? Comment y vit-il ?
Et dans cet ensemble, se pose aussi bien sûr la question du financement de l'apprentissage sous deux aspects étroitement liés : la collecte de la taxe, mais aussi les principes qui président à sa répartition. Ce sont là des sujets relativement complexes qui nécessitent une très large concertation avec tous les acteurs concernés : Régions, Chambres consulaires, Partenaires sociaux. Cette concertation est engagée.

 

Lire en pages suivantes un compte-rendu des 70 ans du CCCA-BTP, célébrés cette semaine à Paris.

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