Le Commissariat général au développement durable (CGDD) annonce une baisse drastique des raccordements éoliens et photovoltaïques au premier trimestre de l'année. Une situation que le gouvernement impute aux décisions de la majorité précédente. Le ministère renouvelle son soutien aux énergies renouvelables et rappelle que le débat national sur la transition écologique débouchera sur des mesures qui permettront le développement du secteur.

Les parcs éoliens et photovoltaïques français n'ont que très peu progressé au cours des trois premiers mois de l'année. C'est le constat dressé par le CGDD dans son "Tableau de bord" : ainsi, par rapport au premier trimestre 2012, la puissance éolienne raccordée est inférieure de 31 %, tandis que la puissance photovoltaïque l'est de 76 %. "Après le rythme soutenu de raccordement éolien constaté au second semestre de 2012, les nouvelles capacités raccordées au premier trimestre 2013, qui s'établissent à 73 MW, sont en net recul", souligne le Commissariat. Et de poursuivre : "La puissance raccordée est particulièrement faible ; il faut en effet remonter à 2006 pour observer une puissance raccordée inférieure à 100 MW sur un trimestre. En cas de poursuite de la tendance, 2013 pourrait être la troisième année de baisse consécutive du niveau des raccordements, confirmant ainsi la rupture par rapport à la montée en puissance initiale observée jusqu'à 2010". Au niveau du solaire, "le très net ralentissement des puissances photovoltaïques raccordées observé à partir du dernier trimestre 2012 se poursuit, avec 88 MW raccordés sur le trimestre", annonce le CGDD.

 

Soutien réaffirmé et relance par la transition énergétique
Des chiffres inquiétants pour les filières industrielles de ces deux sources d'énergies renouvelables que Delphine Batho a commentés dans un communiqué : "La baisse des raccordements éoliens et photovoltaïques (…) est le résultat mécanique des décisions prises par le précédent gouvernement, fin 2011-début 2012, concernant les mesures tarifaires et réglementaires de soutien aux énergies renouvelables". Et d'ajouter : "C'est précisément pour enrailler ce décrochage que le gouvernement (Ayrault) a pris des mesures d'urgence en faveur de l'éolien et du photovoltaïque". La ministre de l'Ecologie rappelle que la modification législative et le nouveau système d'achat en vigueur, qui datent du mois d'avril 2013, auront des effets qui ne peuvent pas encore être perçus par ce tableau de bord trimestriel. De même, pour le solaire, le communiqué du ministère met en avant les 1.000 MW de projets nouveaux, lancés cette année, mais dont les raccordements n'interviendront qu'en 2014. Le CGDD note pour sa part une lueur d'espoir : "Avec l'arrivée de deux nouveaux projets éoliens offshore, la puissance des projets entrés en file d'attente progresse de plus de 1.000 MW par rapport à fin décembre 2012. (Pour le photovoltaïque), la puissance globale des projets censés aboutir au cours des prochains mois (dont la convention de raccordement est déjà signée) est en hausse de 12 % par rapport à fin 2012". Des signes encourageants pour les acteurs des EnR.

 

Inégalités territoriales
Régionalement, on observe des disparités importantes. Pour l'éolien, avec 11 nouvelles machines raccordées, seules trois régions ont été concernées : Champagne-Ardenne, région déjà leader de ce type d'énergie, Picardie, qui conforte sa seconde place au classement, et Pays de la Loire. En matière de solaire photovoltaïque, la faible augmentation de la puissance du parc au premier trimestre de l'année a, en revanche, concerné la quasi-totalité des régions françaises. Cependant, près de 70 % de la puissance installée était concentrée dans les régions méridionales, plus propices (Aquitaine, PACA, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Corse, Rhône-Alpes). Dans les DOM, le parc n'a que faiblement évolué, à un rythme inférieur de celui de la métropole : en Martinique, Guyane et à la Réunion, "aucune installation photovoltaïque significative n'a vu le jour sur le premier trimestre 2013", indique le rapport du CGDD. Mais le gouvernement se veut rassurant : "Au-delà des mesures d'urgence, le débat national sur la transition énergétique débouchera sur des mesures pérennes pour soutenir efficacement la montée en puissance des énergies renouvelables". Rappelons que la loi cadre sur la transition énergétique est attendue pour la rentrée prochaine. Ses effets ne devraient donc pas être perceptibles avant mi-2014.

 

Les chiffres clés de l'éolien et du photovoltaïque en France (au 31 mars 2013) :
Parc éolien installé : 7,667 GW
Parc photovoltaïque installé : 4,113 GW
Production éolienne trimestrielle : 4 TWh (+12 %)

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