Désormais coté au New York Stock Exchange, le premier cimentier mondial va bénéficier d'un apport de capitaux frais pour financer de nouvelles acquisitions dans les pays émergents.

A l'occasion de la première cotation du groupe à la bourse de New York (NYSE), son Pdg, Bertrand Collomb, sonnera la cloche donnant le coup d'envoi de la séance à 09H30 (13H30 GMT), rapporte l'AFP.

Déjà coté à Londres, Francfort et Paris, le géant français des matériaux de construction vient d'annoncer sera à Wall Street sous forme de certificats de dépôt (American Depositary Receipt ou ADR), procédure fréquemment utilisée par les compagnies étrangères. " L'ADR Lafarge aura pour symbole "LR" et sa valeur sera égale à un quart de la valeur d'une action cotée sur Euronext Paris Bourse " précise le communiqué de Lafarge.

"La cotation au NYSE constitue une autre étape importante dans le développement international de notre groupe en lui permettant d'accroître sa présence sur le marché financier américain" a déclaré Bertrand Collomb lors de l'annonce de cette cotation.

Ces ADR, dont chacun représente un quart d'une action ordinaire de Lafarge cotée sur Euronext Paris Bourse, ne sont pas le fruit d'une augmentation de capital, a bien précisé Bertrand Collomb, au cours d'une conférence de presse à New York. "On fait ce listing uniquement parce qu'on pense que comme un leader global on doit avoir le meilleur accès possible au monde financier américain. Notre objectif c'est de développer notre présence dans les portefeuilles américains", a-t-il déclaré. Pour arriver à la cotation de son ADR, Lafarge a fait travailler une équipe de 30 personnes à plein temps pendant près d'un an, a précisé Bertrand Collomb, pour un coût "de l'ordre de la dizaine de millions d'euros".

Jusqu'à aujourd'hui, seule la filiale nord-américaine Lafarge Corp (dont le groupe détient 52%) était cotée à New York. Mais alors qu'au niveau mondial, le groupe a enregistré l'an dernier un bénéfice net part du groupe de 726 millions d'euros (soit 18% de plus que les 614 millions de 1999), Lafarge Corp a annoncé au 1er trimestre des résultats inférieurs aux attentes. En effet, la filiale nord-américaine accuse une perte nette de 66 millions de dollars, creusée par rapport à celle de 24,5 millions un an auparavant. Ces mauvais résultats sont attribués à des conditions climatiques défavorables, à la détérioration du marché des plâtres, ainsi qu'aux prix élevés de l'énergie.

Depuis le 11 juillet, date de la finalisation de l'acquisition de Blue Circle Industrie PLC, Lafarge est devenu le premier producteur mondial de ciment avec une capacité de production annuelle d'environ 150 millions de tonnes et 10% de part de marché. Après une première tentative en 2000, le groupe français est donc finalement parvenu à acheter le cimentier britannique pour 7,4 milliards d'euros au total.

Le financement de l'opération a été assuré par une augmentation de capital de l'ordre de 1 milliard d'euros et un accroissement de la dette de 2,8 milliards. Lafarge se retrouve en conséquence avec un endettement de 6,6 milliards d'euros face à des fonds propres de 8 milliards d'euros, que son président Bertrand Collomb compte réduire d'ici 2003, comme il l'a annoncé en mars lors de la présentation des résultats 2000.

S'il entend consacrer l'année 2001 à digérer le rachat de Blue Circle, le groupe français ne s'interdit pas d'autres acquisitions. "Nous sommes toujours à la recherche d'opportunités de développement dans le ciment notamment en Asie et sur le pourtour méditerranéen", avait alors déclaré M. Collomb. En effet, le rachat de Blue Circle a permis à Lafarge de s'installer dans certains pays d'Asie dont il était absent jusqu'à présent pour prendre ainsi la première position sur le marché asiatique en général, où les perspectives de développement à moyen-terme sont très importantes.

Le groupe souhaite continuer à se développer dans les pays émergents, alors que 39% de ses bénéfices provenaient de ces pays en 2000, contre 29% un an plus tôt. Selon le Wall Street Journal, Lafarge figure parmi les sociétés intéressées par une reprise du thaïlandais TPI Polene, l'un des derniers gros cimentiers susceptibles d'être acheté en Asie dans les années à venir.

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