Après les architectes du patrimoine, c'est au tour du Sénat de s'alarmer des répercussions de certaines dispositions de la loi sur la transition énergétique. Il s'inquiète de voir la qualité et la préservation du patrimoine dégradées, en faveur de la seule performance énergétique. Explications.

"Coup fatal au patrimoine", "villages défigurés et sacrifiés", "emballage des bâtiments" : voilà les mots qu'employaient, il y a un mois, les membres de l'Association des architectes du patrimoine, pour dénoncer une mesure de la loi sur la transition énergétique relative à l'obligation pour les propriétaires faisant refaire l'enduit de leur façade ou suréléver leur logement, de procéder à l'isolation par l'extérieur du bâtiment.

 

L'article qui fait débat indique ainsi qu'on ne peut "s'opposer à la mise en œuvre d'une isolation en saillie des façades et par surélévation des toitures et constructions existantes". La commission de la culture du Sénat a donc fait part de son inquiétude et alerter sur les répercussions que pourrait avoir ce texte. Si elle se dit "favorable à l'amélioration de la performance énergétique", elle refuse toutefois que cela "se fasse au détriment de la qualité de notre cadre de vie et de la préservation de notre patrimoine".

Tout le parc immobilier ne peut être concerné

La performance énergétique, oui, l'isolation par l'extérieur, oui aussi, mais "si pareille démarche est souhaitable pour une large partie du parc immobilier, elle ne peut s'appliquer systématiquement et uniformément au risque de gommer les spécificités architecturale, géographique et historique de certains bâtiments", a souligné la commission, relate l'AFP.

 

Les défenseurs du patrimoine dénonçaient, de leur côté, "l'emballage d'un bâtiment ancien [qui] revient à gommer la spécificité de son architecture et transformer profondément la perception de l'histoire (…)". Un "emballage" auquel même les maires, selon eux, ne pourront pas s'opposer, que ce soit en zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), les Aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP), les abords de Monuments Historiques, les immeubles labellisés patrimoine du XXe siècle, les sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco, comme la baie du Mont-Saint-Michel ou le Val de Loire.

 

En tout cas, le cri d'alarme aura été entendu au Sénat, dont la commission s'est saisie pour avis du texte sur proposition de sa présidente Catherine Morin-Desailly (UDI-UC). La commission a désigné comme rapporteure pour avis la sénatrice Françoise Férat (UDI-UC) qui commencera son travail d'auditions début 2015.

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