L'entreprise Sabella annonce que son hydrolienne D10 sera installée dans le passage du Fromveur (Ouessant) et raccordée au réseau électrique dès la fin de l'année 2014, peu de temps avant le projet concurrent d'EDF à Paimpol-Bréhat. Dans le même temps, l'irlandais OpenHydro, propriété du groupe de construction navale français DCNS, développera une ferme hydrolienne en Nouvelle-Ecosse.

L'hydrolien, qui tire de l'énergie de la force des courants marins, est un secteur des EnR qui est appelé à se développer.

 

Le fabricant breton Sabella a annoncé que son hydrolienne D10 (diamètre de 10 mètres) serait installée au large d'Ouessant (Finistère), dans le passage du Fromveur, à la fin de l'année. La machine sera terminée en septembre ou octobre et "son immersion se fera en fonction des conditions météorologiques et de disponibilité du navire", a expliqué le dirigeant Jean-François Daviau à l'AFP. "Dès qu'elle sera immergée, elle sera raccordée au réseau", assure-t-il, précisant que, pendant un an, elle testera la production de l'électricité destinée à alimenter l'île d'Ouessant. Un événement qui aura donc lieu avec un an de retard sur le calendrier initialement prévu, suite à des problèmes de financement. Sabella espère boucler un tour de table au mois de mai afin de mener à bien le projet.

 

Des entrées en service en 2015
L'entrée en phase de production de l'éolienne D10 interviendrait donc juste avant celle des turbines sous-marines d'EDF entre Paimpol et l'île-de-Bréhat (Côtes d'Armor). Le projet "Arcouest" connaît également un retard d'un an, lié cette fois à des problèmes techniques avec la barge de manutention des machines. Le fabriquant de ces hydroliennes, l'irlandais OpenHydro, est passé sous contrôle français au cours du mois de mars : le groupe de construction navale DCNS a porté sa participation à 59,7 % du capital afin d'assurer le développement industriel de la société.

 

 

Car, outre le parc breton d'EDF, OpenHydro va développer une ferme hydrolienne pilote au Canada. D'une puissance de 4 MW, l'installation de la baie de Fundy (Nouvelle-Ecosse) disposera de deux machines de 16 mètres de diamètre, capables d'alimenter 1.000 foyers en électricité. Là encore, le raccordement au réseau est prévu pour intervenir en 2015. Mais OpenHydro ne compte pas en rester là et ambitionne de passer au stade "commercial" de l'énergie marine en installant une centrale immergée de 300 MW. De quoi créer localement 950 emplois directs et indirects, estime l'entreprise qui compte construire une usine de fabrication sur place. La Nouvelle-Ecosse (tout comme l'ancienne) serait "un des sites au monde ayant le plus fort potentiel en matière d'énergie hydrolienne", précise le fabricant irlandais.

 

Un vaste potentiel mondial
L'exploitation industrielle des courants marins est un enjeu capital. Le potentiel mondial est évalué à 75 ou 100 GW (pour une production annuelle de 450 TWh). "Ouessant est une vitrine en matière de modèle énergétique insulaire", fait valoir Jean-François Daviau, le dirigeant de Sabella qui entrevoit la possibilité de développer des fermes hydroliennes "partout où il y a du courant, des côtes bretonnes aux îles de Polynésie, jusqu'en Afrique du Sud, en Inde et au Chili". En Europe, les côtes écossaises et irlandaises seraient les plus propices, devant celles de Bretagne. Deux sites sont en cours d'expérimentation en France, le site EDF à Paimpol-Bréhat, et le site choisi par Sabella et également par GDF Suez-Voith Hydro au Fromveur. Le potentiel français est évalué à 3 voire 5 GW de puissance électrique (produisant 15 TWh/an), avec une remarquable stabilité dans le temps. L'énergie hydrolienne est en effet plus prédictible que l'éolienne et fonctionne 24 heures sur 24, contrairement au solaire photovoltaïque.

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