L'emploi intérimaire dans le BTP, considéré comme un indicateur avancé de la situation générale de l'emploi du secteur, a chuté de 10,6 % sur la période de janvier à mai 2014, selon les données du baromètre Prism'emploi dévoilé mardi 1er juillet. L'analyse montre également de fortes disparités selon les régions. Décryptage.

Le baromètre de l'emploi intérimaire Prism'emploi, réalisé à partir des statistiques transmises par un panel de sociétés de travail temporaire représentant plus de 80 % des employés en intérim, enregistre dans le BTP en mai dernier un recul de 12,4 % par rapport à mai 2013.

 

 

Si l'intérim a retrouvé des couleurs lors des cinq premiers mois de l'année dans le commerce (+2,3 %), les transports (+0,4 %) et même l'industrie (+0,7 %), la situation reste catastrophique dans le BTP. "L'emploi d'intérimaires y a chuté de 10,6 % sur la période de janvier à mai 2014", nous signale, en détails, François Roux, délégué général de Prism'emploi. Effectivement, le BTP, reste le point noir dans l'intérim. Ce secteur traverse ainsi une crise profonde avec la baisse des permis de construire et une chute des mises en chantier. Et ce sont, à notre avis, les solutions conjoncturelles et le statut des travailleurs détachés qui pénalisent l'intérim dans le BTP. Le salarié intérimaire en France, pour compenser le caractère temporaire de son emploi, dispose d'une majoration de 21% du salaire de référence versée au titre de l'indemnité compensatrice de congés payés et de l'indemnité de fin de mission. Les intérimaires détachés en France depuis d'autres pays européens ne perçoivent pas cette majoration."

 

Par ailleurs, les garanties sociales dont disposent les salariés français pour le chômage, la maladie, la retraite par exemple, sont meilleures en France que dans la plupart des pays européens, estime François Roux. "Par conséquent, il existe un différentiel important jusqu'à +30% entre la France et d'autres Etats membres, et on assiste dans certains secteurs et plus particulièrement dans le BTP, à un véritable phénomène de dumping social", complète-t-il.

 


5.000 postes équivalent temps plein détruits au premier trimestre 2014
L'intérim est un "bon" indicateur avancé de l'emploi, les entreprises recrutant d'abord sous ce statut en début de reprise économique, avant d'embaucher en CDD et CDI, a rappelé Prism'emploi. "Près de 5.000 ETP (Equivalent temps plein) ont été détruits au premier trimestre 2014", nous confirme la direction des affaires économiques de Prism'emploi. Pour rappel, le secteur du BTP englobe en 2013 près de 110.190 postes équivalent temps plein.)

 

Evolutions régionales de l\'emploi intérimaire dans le BTP
Focus sur les évolutions régionales des postes équivalent temps plein cumulés dans le BTP entre janvier et mai 2014. Source: Baromètre Prism'emploi. © Service Infographie/Batiactu Groupe
Fortes disparités de l'intérim dans le secteur du BTP
Par ailleurs, Prism'emploi signale qu'à l'exception du Limousin (+10,1%), les postes équivalent temps-plein chutent dans l'ensemble des régions de janvier à avril 2014, avec un recul significatif en Lorraine (-36,5%), en Alsace (-24,9%) et aussi dans le Nord-Pas-de-Calais. L'intérim en région francilienne baisse lui, de 16,1% au premier trimestre 2014.

 

En outre, d'après Prism'emploi, il faudrait que la hausse du PIB dépasse 0,8 % pour que l'intérim se développe. Or, la croissance a été nulle au premier trimestre et ne devrait pas dépasser 0,7 % en 2014, d'après l'Insee…

 

Dans l'attente d'un bilan du CDI intérimaire
"Face à cette pénurie, nous comptons également sur les nouveaux CDI intérimaires, ajoute François Roux, délégué général de Prism'emploi. Toutefois, il faudra attendra le mois de septembre prochain pour dresser un bilan du dispositif." Pour rappel : le 10 juillet 2013, Prism'emploi et trois syndicats de la branche intérim (CFTC, CFDT et CGC) ont signé un accord créant un nouveau contrat de CDI intérimaire. Cette négociation avait d'ailleurs elle-même été imposée par l'accord national interprofessionnel (ANI) sur la sécurisation de l'emploi du 16 janvier 2013. A l'heure actuelle, il ne devrait concerner que 20.000 personnes, soit 4% des travailleurs.

 

 

Intérim et pénibilité ?
"Le compte personnel de prévention et de la pénibilité est inapplicable dans l'intérim", martèle la fédération professionnelle des entreprises de travail temporaire à quelques jours de la conférence sociale à laquelle elle participera. Nous avons demandé à ce que l'intérim soit calculé au même titre que le CDD. C'est l'entreprise utilisatrice qui devrait être chargée de ce compte et non nous-mêmes…"

 

actionclactionfp