Après les éoliennes paraboliques, cerf-volants, gonflables, en bois, mini ou personnalisables… voilà l'éolienne sans pale. Une innovation imaginée par l'entreprise espagnole Vortex Bladeless, qui pourrait réconcilier pro et anti-éolien… ou pas ! Explications.

On avait déjà évoqué des roseaux géants pour alimenter en électricité la future cité émiratie de Masdar... Notre horizon pourrait encore évoluer d'ici à quelques années, si le projet des Espagnols de Vortex Bladeless se concrétisait. Imaginez ainsi une éolienne sans pale, juste un mât planté sur un champ. C'est le concept de cette entreprise, qui lancera, dans quelques jours, une campagne de financement participatif pour aider ce programme à voir le jour, en plus des un million d'euros d'aides de fonds publics et privés déjà obtenus.

 

Le principe ? Ces turbines sans pale, appelées Vortex, vont transformer l'énergie cinétique du vent en énergie mécanique puis électrique, comme le font leurs ancêtres à trois pales. Mais, tandis que ces dernières utilisent des courants réguliers, les Vortex exploiteront l'effet aérodynamique des tourbillons d'air. Les mâts, en fibre de verre ou de carbone, vibreront plus facilement et seront dotés, à leur base, de deux anneaux magnétiques opposés, qui imprimeront à l'ensemble un mouvement d'oscillation indépendant de la force du vent, explique le quotidien Le Monde.

Résultats de tests mitigés

Les concepteurs mettent en avant la structure allégée qui offre plusieurs avantages comme la réduction de 53% des coûts de fabrication (moins de boulons, de vis et autres parties mobiles), de 40% du coût de l'énergie produite ou encore de 40% de l'empreinte carbone. Sans compter la baisse des nuisances sonores et des risques d'accidents avec la faune, et les oiseaux en particulier. A ce jour, il existe trois modèles : Atlantis, composé d'une turbine de 3 mètres de haut et d'une puissance de 100 W ; Vortex Mini (12.5 m, 4 kW) ; Vortex Gran (170 m, 1 MW). Cependant, précise Le Monde, seuls deux prototypes ont été testés grandeur nature, et les résultats sont mitigés : en effet, le Vortex capte 30% de moins d'énergie cinétique du vent que les éoliennes tripales. Ce qui n'affecte pas les concepteurs, qui estiment que ce défaut peut être compensé par l'installation d'un plus grand nombre de mâts dans le même espace.

 

Vortex, éolienne sans pale
Vortex, éolienne sans pale © Vortex Bladeless
Devant cet optimisme, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) n'en reste pas moins perplexe et prudent. Interrogé dans les colonnes du Monde, Damien Mathon, délégué général, juge "prématurée" la comparaison avec les éoliennes tripales, qui bénéficie de décennies d'expérience et d'évolutions probantes. Le Vortex, dont les capacités de production restent encore bien inférieures à celles des tripales, devra également prouver sa résistance aux vents intenses.

 

De son côté, l'Agence internationale de l'énergie, par la voix de son analyste de la Division EnR, est catégorique : "Si l'on s'est arrêté sur des turbines avec trois pales, c'est qu'elles sont bien équilibrées : cela correspond au minimum de matériel pour le maximum d'efficacité".

actionclactionfp