ENERGIES VERTES. A l'échelle mondiale, on sait que la Chine a lancé une vaste initiative dite "Blue Sky policy" visant à réduire sa pollution atmosphérique. Ce que l'on sait moins, c'est que sa voisine et rivale, l'Inde, est également engagée dans un processus de transition énergétique de très grande ampleur. Décryptage.

La Chine est à la fois le premier pollueur mondial et le premier acteur des énergies renouvelables. Le pays, qui est également le plus peuplé du monde, est engagé dans un vaste plan de verdissement afin de rendre l'atmosphère de ses villes moins irrespirable. L'Inde, qui est à la fois le deuxième pays le plus peuplé avec 1,3 milliards d'habitants et le troisième pollueur planétaire, est plus discrètement engagée dans une initiative similaire. Notons qu'elle est co-fondatrice de l'Alliance solaire internationale, avec la France, programme lancé lors de la COP21 en novembre 2015.

 

 

L'avenir sera électrique

 

Et le gouvernement indien se montre particulièrement ambitieux. Philippe Vié, vice-président chez Capgemini consulting, intervenant lors du colloque du SER, annonce : "Les capacités renouvelables sont en forte augmentation, en Chine pour la Blue Sky Policy, mais aussi en Inde, où cette croissance est vertigineuse, au point que le pays pourrait dépasser l'Union européenne et les Etats-Unis dans quelques années". New Delhi prévoit en effet de tirer 40 % de son énergie de sources renouvelables en 2040. Fatih Birol, économiste et directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), valide cette analyse. Dans le panorama qu'il dresse de la transition énergétique mondiale, il déclare : "Le solaire photovoltaïque est en train de devenir la source la moins chère d'électricité dans de nombreux pays (…) Le futur sera électrique, aiguillonné à la fois par les besoins de rafraîchissements-climatisation, par la mobilité électrique et par la numérisation des sociétés".

 

 

L'expert prévoit que, dans les années qui viennent, "la Chine, l'Inde et les Etats-Unis allaient mener le changement pour le photovoltaïque pendant que l'Europe restera pionnière dans l'éolien terrestre et maritime". Il estime que deux grands défis devront être relevés dans le même temps : la stabilité des réseaux face à cet afflux d'électricité intermittente d'une part, et surtout l'accès à l'électricité pour tous, encore trop inégalitaire. "Dans le monde, 1,1 milliard de personnes n'y ont pas accès", précise Fatih Birol qui loue la politique volontariste de l'Inde dans ce domaine. Le sous-continent, où 600 millions de personnes n'avaient pas d'électricité au début des années 2000, serait en passe de résoudre la question dès 2025. Une marche en avant phénoménale en prenant en compte l'ampleur de la tâche et du pays : cela reviendrait à totalement électrifier le continent européen en 25 ans. Le directeur exécutif de l'AIE note : "Le problème restera l'Afrique sub-saharienne". L'exemple indien suffira-t-il à mobiliser les économies et les acteurs de l'énergie en Afrique également ?

 

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