Les deux géants du ciment, engagés dans un processus de rapprochement, ont publié simultanément leurs résultats trimestriels : Holcim a multiplié par quatre son bénéfice, tandis que Lafarge a fait progresser son chiffre d'affaires. Le projet de fusion semble être entré dans sa phase finale.

Lafarge et Holcim ont bien entamé 2015, année qui devrait être celle de leur union. Le cimentier français et son alter-ego helvète ont présenté leurs résultats pour le premier trimestre et les deux partenaires mettent l'accent sur les points positifs de leurs bilans respectifs. Bruno Lafont, le p-dg de Lafarge, déclare : "Nos marchés évoluent conformément à nos attentes et la croissance devrait s'accélérer au cours des prochains trimestres". Concrètement, son groupe a enregistré une hausse de 6 % de son chiffre d'affaires à 2,78 Mrds € et une augmentation de son EBITDA (excédent brut d'exploitation) de 17 % à 403 M€. Le résultat net reste cependant négatif, à -96 M€. Toutefois, à la même période l'an passé, la perte s'établissait à -135 M€.

 

De son côté, Holcim annonce avoir quadruplé son bénéfice net, qui frise les 300 M€ (contre 80 M€ en 2014). Mais, comme rien n'est jamais parfait, le groupe suisse a vu son chiffre d'affaires baisser de -2,8 % à 3,74 Mrds €. Le trimestre a été marqué par le recul des ventes en raison d'une comparaison défavorable avec la même période en 2014, qui avait été particulièrement clémente météorologiquement. Malgré une hausse des prix, les volumes commercialisés ont été moins nombreux sur tous les marchés à l'exception des Amériques. Le béton prêt à l'emploi s'est également contracté (-2 %) alors que les granulats ont réussi à tirer leur épingle du jeu (+1,2 %). Holcim a été impacté par la situation géopolitique instable en Afrique et au Moyen-Orient.

Une union qui a 8 chances sur 10 d'aboutir

Le président de Lafarge estime que le projet de fusion, qui doit donner naissance à LafargeHolcim, est entré dans sa phase finale : "Nous avons franchi des étapes majeures et nos équipes peuvent être fières de ce qui a été accompli". A la fin du mois d'avril, la Commission européenne a donné son feu vert au plan de cession d'actifs européens à l'industriel irlandais CRH. Les deux cimentiers précisaient alors : "Ces cessions restent conditionnées à la finalisation du projet de fusion, qui inclut la réussite de l'offre publique d'échange auprès des actionnaires de Lafarge et son approbation par les actionnaires de Holcim". L'importante société russe Eurocement (3e actionnaire du groupe), jusqu'à présent hostile à l'union, a finalement changé d'avis et fait savoir qu'elle soutiendrait désormais l'opération. Certains analystes, qui estimaient que le mariage avait 50 % de chance de réussir, ont revu cette probabilité à la hausse, la portant maintenant à 80 %. Les actionnaires d'Holcim doivent encore se prononcer en assemblée générale extraordinaire, le 8 mai prochain.

 

Bruno Lafont, peut-être pour convaincre les plus récalcitrants, a dans la foulée confirmé tous les objectifs de son propre groupe pour 2015, dont une augmentation de l'excédent brut d'exploitation pour atteindre les 3 ou 3,2 Mrds €. Evoquant la fusion, il déclare : "Ce projet est une occasion exceptionnelle de transformer notre industrie, comme il ne s'en présente qu'une par génération. Le nouveau groupe aura la présence mondiale la plus diversifiée du secteur, limitant la volatilité traditionnelle de nos activités. (…) Nous allons promouvoir l'innovation comme facteur premier de différenciation, réduire l'intensité capitalistique qui caractérisait notre industrie, et maximiser notre cash-flow libre. Ceci sera renforcé par l'optimisation de la structure des coûts, le partage des meilleures pratiques (…) et l'emploi rigoureux de nos fonds". Il conclut : "LafargeHolcim vise à assurer un retour sur investissement élevé à ses actionnaires".

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