ETUDE. La Métropole du Grand Paris compte plus de 127.000 logements considérés comme indignes, tandis que 20% des copropriétés sont au seuil de la faillite, selon une note de l'Atelier parisien d'urbanisme. Où la capitale parisienne apparaît comme un condensé de ces problématiques.

A l'intérieur du périmètre du Grand Paris, "l'absence d'une offre de logements accessibles" est telle que l'habitat indigne a fait naître "un parc social de fait". C'est sur ce constat que l'Apur introduit sa note parue en janvier, "L'habitat indigne : un enjeu social autant qu'immobilier dans la Métropole du Grand Paris", tirée du diagnostic du Plan métropolitain de l'habitat et de l'hébergement.

 

Si les formes d'habitat précaire varient selon les territoires de la métropole, le nombre de ménages qui en souffrent dépasse toujours la centaine de milliers, "la présence des ménages à bas revenus étant le trait commun des lieux de vie indignes ou dégradés", complète l'Apur.

 

L'Atelier parisien d'urbanisme cite tour à tour les copropriétés fragiles ou dégradées et les hôtels meublés, mais également les campements illicites, squats et divisions pavillonnaires qui reflètent aujourd'hui les nouvelles formes du mal-logement, encore difficilement cernées par les collectivités.

 

Les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne, nouveaux terrains de campements illicites

 

Se référant à un rapport rédigé par Espacité et le Cerema, l'Apur note que la division pavillonnaire a créé pas moins de 3.700 logements entre 2003 et 2013 dans le département de la Seine-Saint-Denis. Légale, la division pavillonnaire "contribue pourtant au développement de l'habitat indigne" en édifiant "des logements plus petits que ceux du parc privé existant".

 

En matière de bidonvilles, de squats et de campements illicites, la région francilienne fait quant à elle figure de "championne" de France, et abrite à elle-seule 38% des habitants de ces campements à l'échelle de l'Hexagone. La Seine-Saint-Denis en accueille une grande partie, mais est parvenue à freiner cette évolution de - 30% entre octobre 2016 et avril 2017.

 

C'est dans les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne que le phénomène fait une entrée massive, où l'évolution de campements a respectivement augmenté de +285% et +89%. En avril 2017, le département altoséquanais comptabilisait presque autant d'habitants de campements illicites (1.259) qu'en Seine-Saint-Denis (1.490).

 

Une large palette d'outils, qui reste complexe à utiliser

 

Face aux nouvelles formes que peut revêtir l'habitat indigne, "il existe une boîte à outils importante et qui s'est améliorée avec le temps, mais qui se révèle souvent complexe à utiliser", développe l'Apur. A commencer par la méthode "Parc privé potentiellement indigne" qui permet un premier exercice de repérage. Ce dernier a ainsi permis de dresser la liste de 127.388 logements précaires à l'échelle métropolitaine, correspondant à 5% du parc privé de résidences principales.

 

La Capitale est un condensé de ces logements potentiellement indignes, et englobe la moitié du total métropolitain avec 61.166 habitations concernées. Plaine Commune en Seine-Saint-Denis est le deuxième territoire le plus touché avec 13.423 logements.

 

D'autres outils d'ordre incitatif ou associés à une opération d'aménagement sont également à la disposition des collectivités pour redresser des copropriétés jugées fragiles, ou en état de faillite avancé. Dans les données les plus récentes, datant de 2013, l'Anah a identifié 18.565 copropriétés fragiles dans l'espace métropolitain, principalement concentrées dans la Capitale, la Seine-Saint-Denis et le territoire Grand-Orly Seine Bièvre qui abrite, entre autres, les villes de Gentilly, Ivry-sur-Seine, Fresnes et Viry-Châtillon.

 

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