JUSTICE. Le parquet de Lille a requis le renvoi du président de la Métropole européenne de Lille devant le tribunal correctionnel, dans l'affaire du Grand Stade.

Nouvel épisode dans l'affaire du Grand Stade de Lille. Le parquet souhaite en effet le renvoi de Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille (MEL) devant le tribunal correctionnel pour "recel d'abus de confiance", a révélé le 9 juin l'AFP. Une décision qui fait suite aux investigations complémentaires demandées en 2018, alors que les autres chefs de poursuite sont prescrits, ou ne constituent pas d'infraction caractérisée.

 

A ce moment, le parquet avait requis un non-lieu à l'encontre des 7 personnes mises en examen ou placées sous le statut de témoin assisté, dont le président de la MEL. Mais il avait demandé un supplément d'information pour un volet de l'affaire concernant plus particulièrement Damien Castelain.

 

Mise en examen en août 2019

 

Le président de la MEL, qui devrait être candidat à sa propre succession à l'issue du scrutin municipal et intercommunal du 28 juin 2020, est soupçonné d'avoir bénéficié pour 18.000 euros de pierres, livrées à son domicile via le constructeur du stade Eiffage, pour une terrasse personnelle. Il a été mis en examen à ce titre en août 2019. Au regard des investigations supplémentaires qu'il a demandées, le parquet considère donc avoir suffisamment d'éléments pour requérir le renvoi de l'élu devant le tribunal correctionnel, selon les sources de l'AFP.

 

 

Damien Castelain avait déjà été mis en examen depuis 2017, pour "trafic d'influence passif" et "complicité de favoritisme" dans l'enquête sur l'attribution du marché du stade Pierre-Mauroy à Eiffage en 2008. Il était alors l'un des vice-présidents de la communauté urbaine.

 

Rappel de l'affaire

 

Le stade Pierre-Mauroy, implanté à Villeneuve-d'Ascq et inauguré en 2012, est une enceinte ultramoderne de 50.000 places où se tiennent principalement les matches du Losc, le club de foot de Lille. En 2008, Eiffage avait été choisi par la communauté urbaine pour le réaliser, alors que son projet présentait un surcoût de 108,5 millions d'euros par rapport à celui, plus classique, de Bouygues.

 

Dans cette affaire, et outre Damien Castelain, deux anciens élus (Michèle Demessine, ex-sénatrice PCF du Nord, et Henri Ségard, lui aussi ancien vice-président de l'institution) étaient visés par cette information judiciaire ouverte pour favoritisme, faux et usage de faux, corruption et trafic d'influence. Deux anciens dirigeants d'Eiffage étaient également soupçonnés de trafic d'influence actif, et deux fonctionnaires de la communauté de faux et usage de faux.

 

De source proche de l'enquête, il était reproché à Damien Castelain et à Henri Ségard d'avoir été invités par Eiffage à deux événements sportifs à l'étranger : un match de football de l'équipe de France à l'Euro 2008 et le Grand Prix de Hongrie de F1 en août 2010.

 

Au juge d'instruction de se prononcer

 

Après ces dernières réquisitions, il appartient au juge d'instruction de se prononcer sur cette demande de renvoi. Mais également sur le non-lieu requis par le parquet sur le reste de l'affaire.

 

"On aura au moins découvert que Damien Castelain n'était pas tout à fait l'homme droit qu'il devrait être en tant qu'élu du peuple, a estimé à l'AFP Eric Darques, partie civile dans cette affaire. Mais nous ne sommes pas au bout du dossier. Nous irons jusqu'au bout, nous irons contester devant la chambre de l'instruction le fait qu'Eiffage ne soit pas renvoyé et nous irons jusqu'en cassation pour que cette montagne n'accouche pas d'une souris." L'avocate de Damien Castelain, Florence Rault, n'a pas souhaité réagir auprès de l'AFP.

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