Alors que Ségolène avait annoncé qu'un prix plancher de la tonne de CO2 serait instauré en 2017 afin de pénaliser les dernières centrales à charbon françaises, le Gouvernement a opéré un revirement tout en assurant que cette question allait être gérée dans le temps. Précisions.

Lors de la conférence environnementale, en avril 2016, François Hollande avait déclaré qu'un prix plancher du carbone dans le secteur de la production électrique serait mis en place au 1er janvier 2017. Le 12 juillet dernier, la ministre de l'Environnement précisait alors que cela ne concernerait pas l'ensemble de la filière mais seulement les centrales à charbon. Concrètement, l'idée était de surtaxer le courant produit par les centrales alimentées en énergies fossiles (charbon, fioul et gaz), afin d'encourager la production d'électricité à base de sources renouvelables (éolien, solaire...).

 

 

Mais revirement de situation en fin de semaine dernière. Le Gouvernement a finalement décidé de renoncer à taxer, dès l'an prochain, la production d'électricité à partir de charbon. Cette mesure, qui devait être intégrée dans le projet de loi de finances pour 2017, sous la forme d'un amendement, a été retirée. Lors des débats, Christian Eckert, secrétaire d'Etat au Budget, a assuré que cette question du prix du charbon allait être gérée "dans le temps". La veille, des manifestations organisées par la CGT avaient eu lieu dans plusieurs villes menacées par les fermetures de centrales. Evoquant "l'émoi" dans plusieurs régions, le secrétaire d'Etat a indiqué qu'il "serait judicieux d'avoir un étalement dans le temps des dispositions qui correspondent à un principe sur lequel nous souhaitons avancer, le prix plancher du carbone, en faveur de l'environnement", rappelant que la programmation pluriannuelle de l'énergie prévoyait "au plus tard en 2023 de mettre fin à ces centrales".

 

De son côté, le ministère de l'Environnement a assuré à l'AFP que cette mesure "n'est pas abandonnée et qu'elle sera encadrée dans un cadre européen". "L'importance de donner un prix au carbone pour orienter dans la durée les investissements vers les énergies bas carbone, reste un des axes de la loi sur la transition énergétique", et de la PPE "qui sera publiée dans les prochains jours", rappelle-on au ministère, soulignant que "la France a déjà une tarification carbone incluse dans sa fiscalité énergétique, et il y a des travaux européens sur les marchés carbone".

 

 

Déception des ONG avant la COP 22

 

Si cette nouvelle a été bien accueillie par la CGT pour qui c'est "un bon début" mais qui indique tout de même rester "vigilant +l'étalement dans le temps+ évoqué par Christian Eckert", en revanche, les ONG n'ont pas caché leur déception. "L'abandon de cette mesure porterait un coup à la crédibilité de la France alors que l'Accord de Paris entre en vigueur le 4 novembre et que va s'ouvrir la COP22", a dit à l'AFP Célia Gautier, porte-parole du Réseau action climat. "Renoncer aujourd'hui et reporter ça à plus tard, c'est clairement pas dans l'esprit de l'accord de Paris", a renchéri Denis Voisin, de la Fondation Nicolas Hulot.

actionclactionfp