Le groupe français cherche à se faire un nom sur le marché de l'énergie verte, d'origine gazière, en lançant des programmes d'application réelle dans l'hexagone.

Le contexte est trois fois favorable à l'émergence de la pile à combustible. D'abord la dynamique qui entoure le développement durable, et la politique de communication des entreprises qui l'accompagne ; ensuite la fin programmée, à l'horizon de 2040 pour les pessimistes, des ressources en pétrole ; enfin l'ouverture du marché européen de l'énergie, qui pousse les producteurs français à trouver de nouveaux créneaux.

Pourtant, la pile à combustible était vouée à l'anonymat, condamnée à rester dans les cartons. Elle a été découverte en 1839 par un avocat anglais, par ailleurs amateur en électrochimie, Sir William Grove. Mais la découverte et l'industrialisation de la dynamo l'ont supplanté et il faudra attendre 1960 pour en entendre parler à nouveau. La raison ? La pile à combustible était utilisée par les astronautes des capsules Gemini et Apollo qui consommaient l'eau produite par les générateurs électriques de leur vaisseaux.

Les avantages de la pile à combustible sont nombreux. Elle produit une grande quantité d'énergie, électricité et chaleur, pour une faible émission sonore et de gaz à effet de serre. En contrepartie, elle reste d'un coût assez élevé, occupe une place équivalent à un congélateur, n'est dotée que d'un durée de vie de 400.000 heures. Enfin, le meilleur carburant pour la faire fonctionner reste l'hydrogène. Mais comme il n'existe actuellement aucune structure adéquate, pour sa production ou son transport, le meilleur moyen reste le recours à l'hydrogène par reformage, qui est lui polluant.

L'une des application possibles de ces piles est l'alimentation des résidences individuelles, des bâtiments secondaires ou tertiaires, autrement appelée " application stationnaire ". C'est même sans doute le premier gros marché que devra conquérir ce nouveau mode de production d'énergie. En effet, le stationnaire ne se soucie ni de la taille ni du poids des piles à combustibles. La pile à combustible produit tout à la fois de l'électricité et de la chaleur, phénomène appelé cogénération, qui sont les deux demandes du résidentiel. De plus, le stationnaire présente l'intérêt d'être un mode de production décentralisé.

Techniquement parlant, si la pile à combustible répond aux exigences environnementales, le point de départ de son fonctionnement nécessite une autre source d'énergie, à savoir le gaz. Ce qui explique l'engouement de Gaz de France, mais aussi d'autres industriels.

Cinq lancements de prototypes

Le géant français du gaz a annoncé mi-novembre l'installation de cinq piles à combustible, fabriquées par l'américain Hpower, en France. La première en service se trouve à Petite-Synthe, dans le Nord, ville jusqu'à présente dépendante de la centrale nucléaire de Gravelines. Le 29 novembre, la mairie de cette petite ville a vu son électricité et son chauffage être produits par une pile de 4kilowatts. Cette installation, de l'ordre du prototype, ne condamne pas pour autant l'ancien système, mais le double.

GDF projette l'implantation de telles piles dans quatre autres sites d'ici à février 2003. A Nancy, la pile sera installée, fin décembre, au sein de l'Institut national polytechnique de Lorraine et fournira en énergie des laboratoires d'agronomie. Dans la Communauté urbaine de Dunkerque, elle équipera, dans la première quinzaine du mois de janvier, le poste de commandement du trafic routier qui gère l'ensemble des feux tricolores de l'agglomération.

A Sophia-Antipolis, dès la seconde quinzaine du mois de janvier, ce seront les locaux du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) qui en seront dotés, alors que la mairie de Feytiat, dans l'agglomération de Limoges, devra attendre jusqu'à la première quinzaine de février pour en être à son tour doté.

La durée prévue pour cette expérimentation est de deux ans, a indiqué GDF, qui n'en est pas à sa première expérience. Déjà, de janvier à juillet 2001, un prototype avait été testé dans un centre de recherche à Saint-Denis, au cœur d'un pavillon expérimental. Un prototype de seconde génération est testé depuis le début de 2002, dans ce même pavillon expérimental.

Le marché du stationnaire devrait véritablement connaître son essor à partir de 2010, mais GDF estime que " de vrais marchés de niches apparaîtront parallèlement aux marchés de la démonstration dès 2003/2004. Le premier sera probablement celui de l'électronique nomade (téléphones et ordinateurs portables) ". En règle général, le gazier croit en l'ouverture d'un vaste marché dans cinq ans.

Les réflexions autours de la pile à combustibles ont récemment pris une nouvelle ampleur. Alors que les pays européens ne consacrent un budget de recherche que d'un tiers de celui des Etats-Unis, et d'un quart de celui du Japon, Bruxelles a récemment mis en place un groupe d'experts, tandis que l'industriel Vaillant annonçait avoir obtenu la première certification européenne pour un système de chauffage à pile à combustible, développée par l'américain Plug Power.

actionclactionfp