Plusieurs organisations professionnelles regroupant les fabricants et installateurs de fenêtres français se montrent sceptiques face aux propositions de la Commission européenne pour un étiquetage énergétique de leurs produits au niveau de l'Union. Ils jugent notamment que le projet est peu pertinent et que certains aspects techniques sont manquants.

"Il n'est pas évident que l'étiquetage énergétique des fenêtres soit la solution pour répondre à un besoin d'information du consommateur, ni pour massifier et améliorer la rénovation énergétique des bâtiments en Europe". La phrase résume la pensée de cinq organisations professionnelles françaises du monde des menuiseries (FFB Métallerie, Union des métiers du bois FFB, SNFA, SNFPSA et UFME), réticentes à la proposition de la Commission européenne d'instaurer un étiquetage communautaire de leurs produits.

 

A la fin du mois de juin 2015, la Commission a en effet reçu un rapport dans le cadre de la procédure des directives Ecodesign/Energy Labelling pour les fenêtres préconisant "la mise en place d'un règlement d'étiquetage énergétique des fenêtres mises à disposition dans l'UE". Ce dernier doit encore être discuté avec les Etats membres et les parties prenantes au cours d'un vaste forum de consultation qui doit se tenir le 30 septembre prochain. Mais les professionnels français se montrent sceptiques "tant sur le principe que sur le contenu".

Trop d'uniformisation nuit à la précision

Sur le principe tout d'abord, ils estiment que leur rôle de conseil et d'expertise "est complètement ignoré par ce projet d'étiquetage". Puisque harmonisé au niveau européen, le marquage en sortie d'usine ne prendra pas en compte la destination de la fenêtre dans l'Union européenne, ni son contexte d'utilisation (orientation, ombrage…). "Evaluer les performances d'une fenêtre requiert de prendre en compte de nombreux paramètres énergétiques et d'autres (sécurité des biens et des personnes, isolation acoustique, ventilation…), ce qui rend très complexe la mise en œuvre d'une telle étiquette", assurent les opposants qui pointent également le poids de cette nouvelle contrainte administrative qui pénaliserait l'activité des PME et artisans concernés.

 

Sur le contenu ensuite, les professionnels français jugent que "certains aspects techniques paraissent manquants ou non pertinents". Le découpage du continent en seulement trois zones climatiques notamment, leur apparaît comme notoirement imprécis, alors que la réglementation française en recense déjà huit dans le pays. Concernant l'orientation des menuiseries, ils s'interrogent également : "Dans les simulations thermiques qui ont permis d'établir les classes énergétiques, c'est une orientation moyennée qui a été retenue. Quand on connait les différences considérables qui existent pour les apports solaires d'hiver et leur maîtrise pour le confort d'été en fonction des orientations, cette hypothèse ne paraît pas pertinente".

 

Avec le soutien des pouvoirs publics, dont la Direction de l'Habitat de l'Urbanisme et des Paysages (DHUP) et la Direction Générale de l'Energie et du Climat (DGEC), les professionnels annoncent vouloir défendre une position française lors de la grande consultation européenne, prévue à la fin du mois.

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