Le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier - qui inaugurait une ferme éolienne de 11MW en Picardie - a déclaré vouloir "faire sauter les verrous" au décollage de l'énergie éolienne en France.

Le jour même de l'approbation par le gouvernement russe du protocole de Kyoto, Serge Lepeltier, ministre de l'Ecologie a inauguré le parc éolien de Saint-Simon Clastres, décernant à cette forme d'énergie "toutes les qualités".

Pour lever les blocages, en bonne partie administratifs (le dossier passe par 25 administrations différentes), le ministre a annoncé la mise en oeuvre d'un "comité national éolien" et le 20 octobre, le ministère réunira l'ensemble des préfets concernés.
Le ministre souhaite également "faire sauter le seuil de 12 mégawatts". La loi contraint EDF à racheter à un tarif préférentiel le courant produit par les parcs éoliens, mais seulement en dessous de 12 mégawatts, ce qui "favorise l'émiettement des projets", a regretté le ministre, selon qui "ce seuil n'a pas lieu d'être". "Je souhaite un débat sur ce seuil rapidement, la deuxième lecture de la Loi d'orientation sur l'énergie pourrait en être l'occasion", a indiqué M. Lepeltier.

Rappelons que parmi les leaders européens de l'éolien, l'Allemagne ne fixe aucun seuil pour le rachat à prix garanti de l'électricité d'origine éolienne, et l'Espagne a un seuil beaucoup plus élevé, à 50 mégawatts.
La puissance installée culminait fin 2003 à 14.609 MW outre-Rhin et à 6.411 en Espagne. La France, qui a le meilleur potentiel éolien après la Grande-Bretagne, atteignait péniblement 282 MW d'éolien à la fin du mois d'août, selon les données de l'Observatoire des énergies renouvelables.

La ferme éolienne de Saint-Simon Clastres marque peut être le décollage de cette énergie en France. Dressées dans la plaine picarde, ces quatre éoliennes de fibre et d'acier figurent parmi les plus puissantes de France, avec 2,75 mégawatts de puissance installée chacune. Elles fournissent l'équivalent de la consommation en électricité de 15.000 habitants.
Elles ont vu le jour en un temps record (2 ans), grâce à l'assentiment de la population et des élus. "La moyenne pour un dossier d'éolienne est plutôt de 4 ans, et encore a-t-on souvent au bout un refus du permis de construire", a déploré jeudi Pâris Mouratoglou, président d'EDF Energies Nouvelles, opérateur du parc.

Les projets ne manquent poutant pas en France, mais se heurtent à l'opposition des riverains, qui craignent un impact sur le paysage et des nuisances sonores. Roland Renard, président de la communauté de communes de Saint-Simon n'a toutefois pas eu de mal à convaincre la population. "Loin de dénaturer le paysage, elles apportent un relief bienvenu", explique-t-il. "Nous en sommes fiers, elles apportent une image de modernité", poursuit-il.
En plus, ces éoliennes vont rapporter 15.000 euros au titre de la location des terrains (un ancien aérodrome militaire) et 75.000 euros de taxe professionnelle. Une manne non négligeable puisque cet argent servira à construire une école de musique, une école de danse et une bibliothèque.

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