Soucieuses de récupérer des liquidités pour investir dans leur coeur de métier et se désendetter, les entreprises publiques se sont engagées, à l'instar des groupes privés, dans une politique de cession de leur portefeuille immobilier, comme en témoigne la dernière vente d'immeubles réalisée par France Telecom, la plus grande cession jamais enregistrée sur le marché français.

Cette cession de grande envergure, 3 milliards d'euros, annoncée vendredi, est la plus importante jamais enregistrée sur le marché immobilier en France, et a été réalisée avec un consortium dominé par les américains.

La vente d'une grande partie des actifs immobiliers de France Telecom - 2 à 3 milliards d'euros sont encore à vendre -, n'est pas une surprise et s'inscrit dans un mouvement initié depuis quelques années par les entreprises publiques, qui cherchent à dynamiser leur gestion et font de l'"externalisation" de leur immobilier un axe prioritaire.

Externaliser les actifs immobiliers est un terme très en vogue dans les directions financières des grands groupes. Concrètement, il s'agit pour les entreprises de vendre leurs propres actifs pour en devenir locataire.

Comme l'explique Jean-Didier Bodin, directeur de l'organisation de la SNCF qui mène également une politique de vente de ses actifs, "nous n'avons pas besoin d'être propriétaires de nos bureaux, mieux vaut être propriétaire de notre outil de production!".

Les avantages sont multiples: le principal étant pour le vendeur de récupérer des liquidités pour les réinjecter dans son coeur de métier et se désendetter, afin d'avoir les mains libres pour mener des opérations de croissance.

Les autres bénéfices de ces cessions immobilières sont plus indirects: les groupes peuvent en profiter pour réduire la taille de leurs sièges sociaux, diminuer leurs frais généraux, comprimer le personnel, initier la mobilité parmi les salariés.... Enfin, en terme de gestion pure et simple, la vente du portefeuille permet aux groupes de se débarrasser de tous les tracas causés par la gestion d'un parc immobilier.

La vente de ces actifs est monnaie courante de l'autre côté de l'atlantique. Selon le cabinet immobilier Jones Lang Lassalle, aux Etats-Unis seuls 35% du parc immobilier appartient aux entreprises utilisatrices, alors qu'en France la proportion est de 70%.

En Europe, le mouvement est bien entamé dans les entreprises de télécommunications qui doivent faire face à d'énormes besoins d'investissement. France Telecom imite ainsi ses concurrents étrangers (Deutsche Telecom Telefonica, Telecom Italia) qui ont réalisé des opérations similaires. Les transactions se réalisent dans le plus grand secret car ces sociétés sont cotées.

Vivendi, qui a mené de nombreuses opérations de croissance externe, a été un des premiers groupes français à se lancer dans cette stratégie et est aujourd'hui locataire de son siège social, après en avoir été propriétaire.

Du coté des entreprises publiques, le mouvement est en marche depuis deux ans chez EDF, soumis depuis peu à une concurrence étrangère, et à la SNCF.

Le groupe d'électricité a vendu près de 1,83 milliard d'euros d'actifs dont son siège social parisien pour 210 millions d'euros. 1,22 milliard d'euros sont encore susceptibles d'être cédés, indique-t-on au siège d'EDF, où l'on souligne que les liquidités récupérées vont être utilisées pour mener une politique industrielle active.

La SNCF est également concernée par cette politique. Au siège du groupe ferroviaire, on indique qu'il ne s'agit pas d'une logique purement financière, mais que les ventes permettent de rénover le parc, dont une grande partie est obsolète. 100.000 mètres carrés ont été vendus et 200 à 300.000 m2 sont en cours de vente.

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