Anciens parkings, "cathédrale engloutie", atelier d'artiste, "gare fantôme"… le premier quartier d'affaires français, construit sur une dalle, recèle de nombreux espaces abandonnés. DeFacto, l'établissement public de gestion de La Défense, entend reconquérir ce no man's land afin de gagner de la place et de le valoriser.

Toujours à la recherche de nouveaux espaces et de ressources financières nouvelles, l'établissement public de gestion de La Défense se tourne vers la zone "sous la dalle". De vastes volumes compris entre le sol et la surface du quartier qui ont été délaissés pendant des décennies et vont maintenant être revalorisés.

 

Marie-Célie Guillaume, la directrice générale de DeFacto, explique : "Ce sont les entrailles de La Défense, un quartier d'affaires construit voilà 60 ans, d'une volonté politique forte, pour en faire le symbole de la puissance, du dynamisme et de la modernité de la France. Ce quartier vertical, c'était un geste culotté dans un pays où la tour est un objet polémique. La conception sur dalle est particulière, elle sépare deux univers : les fonctions nobles et les gestes architecturaux en surface, et le dessous de dalle, réservé aux fonctions subalternes". Une dichotomie qui rejette les problématiques de transport, de réseaux et les activités de support dans une zone sombre, inhospitalière. Patrick Devedjian, le président de l'établissement de gestion, renchérit : "L'EPAD (dont il a été président, NdlR) a complètement négligé l'espace sous-dalle qui ne se voyait pas. Il s'est contenté de vendre des droits à construire à des opérateurs, ce qui constitue une manne pour La Défense, sans grand effort. Mais il n'y a pas eu de gestion, ni d'entretien sous la dalle et cela a été un territoire en déshérence pendant 50 ans".


4.000 m² dédiés à la gastronomie

 

Ces lieux obscurs posent également un problème d'image pour l'attractivité du quartier d'affaires. "En tout, entre 40.000 et 45.000 m² sont inexploités, provenant de réservations non utilisées, d'interstices techniques", précise la directrice générale. Qui poursuit : "Ces volumes résiduels, qui ne servent à rien, DeFacto va s'en occuper". L'objectif pour le gestionnaire est triple : amener de la qualité sous la dalle, créer des services et des activités qui manquent encore à La Défense, et engranger de nouveaux bénéfices. Plusieurs projets ont déjà été menés et d'autres sont en cours pour l'aménagement de ces espaces qui s'étendent sur quelques mètres d'épaisseur, tout le long de l'esplanade, entre le CNIT et le centre d'affaires Com'Square. Brice Piechaczyk, architecte-ingénieur de l'agence Enia, associé aux études, énumère : "Les espaces sont désaffectés, comme des anciens parkings, la 'cathédrale engloutie' d'une hauteur de 7 mètres sous plafond, les 'bassins' qui ressemblent à des piscines et surplombent les voies du RER A, ou le grand atelier de Raymond Moretti. Tout est potentiellement accessible depuis la surface ou les voies de communication".

 

Les premières réalisations, proposées par DeFacto, portent sur la rénovation des entrepôts qui connectent toutes les tours du quartier, afin de changer le regard des utilisateurs sur ces espaces. "Par la création de trémies, pour les reconnecter avec la surface, on fait pénétrer la lumière naturelle, et on amène des végétaux et des matériaux plus qualitatifs", détaille François Bourvic, le directeur des espaces publics et des infrastructures au sein de DeFacto. De quoi faire cohabiter les différents usages, qu'il s'agisse de stockage, de gestion des déchets ou de l'entrée des VIP dans les tours. Dans les cartons figure un projet d'envergure, celui de "Bistrot à vin" dans les ex-magasins Serap. En tout, 4.000 m² dédiés à la gastronomie, auxquels s'ajoutent des nouvelles structures en surface et une redéfinition de la place. Outre un restaurant gastronomique et une brasserie, viendront s'ajouter quatre échoppes et un bar lounge. De quoi contenter tous les usagers qui auraient… la dalle.

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