Très attendu, le rapport d'information parlementaire sur l'énergie éolienne piloté par Patrick Ollier, le président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée, fait déjà polémique, alors que ce dernier devrait être officiellement présenté ce mardi, quasiment en même temps que les amendements destinés à l'article de loi sur l'éolien dans la discussion de la loi Grenelle 2.

Le rapport d'information parlementaire sur l'énergie éolienne piloté par Patrick Ollier, le président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée, risque de provoquer de sérieux remous.
A commencer par la démission, il y a quelques jours, de Philippe Plisson (PS Gironde), corapporteur du texte avec Franck Reinier (UMP Drôme). Celui-ci estime être «aux antipodes» des conclusions du rapport. «Dès les premières réunions, j'ai senti que l'objectif de cette mission était de limiter l'éolien en France. Le ton du rapport est foncièrement anti-éolien, parfois même inquisiteur, et on rajoute tellement de contraintes réglementaires que ça deviendra un chemin de croix d'en installer», dénonce l'élu socialiste, selon Le Parisien.
«Il aurait été convenable de travailler jusqu'au bout pour faire part de ses idées et propositions comme le fait le rapporteur Franck Reynier car le rapport est en cours de rédaction», se défend Patrick Ollier sur son site.

 

Un rapport déjà bien critiqué
Ainsi, avant même que ce rapport ne soit présenté officiellement, il devrait l'être ce mardi 30 mars, il engendre déjà une polémique.
«Il est nécessaire d'évaluer, à intervalles réguliers, à quels coûts et pour quels avantages sont accordées les aides (au développement des énergies renouvelables) sur fonds publics ou encore supportées par le consommateur final», souligne le document dans son introduction, pointant du doigt l'idée qu'il y aurait de «dispendieux effets d'aubaine», selon Le Figaro.
Depuis dix ans, remarque ce journal, le marché de l'éolien a augmenté de 25% par an dans le monde. La France occupe la 7ème place en puissance cumulée (4,5 gigawatts) loin derrière l'Allemagne (25,8 GW) mais devant la Grande-Bretagne (4 GW). Selon ce rapport, ces installations se font au prix «d'importants surcoûts», notamment pour la valorisation de la tonne de CO2 évitée : «entre 230 et 240 euros la tonne, contre 2 euros pour l'isolation thermique».
De plus, reprenant des travaux de la commission de régulation de l'énergie (CRE), qui évoque un taux de rentabilité variant entre 9,7 et 13,5 % pour un parc fonctionnant 2.200 heures par an au maximum, les députés soulignent que «l'éolien est à l'évidence une bonne affaire». Et cela en dépit du fait que le tarif de rachat de l'électricité éolienne en France est l'un des plus bas d'Europe. Pour sa part, le centre d'analyse stratégique estime que l'éolien peut contribuer de façon positive à la production d'électricité, compte tenu de la hausse plus que probable, à terme, du prix des énergies fossiles.

 

C'est aussi sur les questions paysagères que se concentrent les critiques. «Aujourd'hui, l'apport de ce que d'aucuns appellent un progrès technique ne peut plus tout justifier», explique le rapport, selon Le Figaro. Certes, les parlementaires soulignent la part «passionnelle» des débats et les questions «de rivalités locales». Mais en même temps, ils développent abondamment des reproches, notamment formulés par Valéry Giscard d'Estaing, il y a quelques semaines, contre des «moulins à vent modernes», qu'il accusait de défigurer le paysage, écrit également Le Parisien.
Des remarques qui, selon les auteurs du rapport, sont autant de raisons pour rendre encore plus contraignante la législation. Les parlementaires suggèrent également une taille minimale des parcs, entre 15 et 20 mégawatts. Ils demandent que les schémas régionaux éoliens soient «opposables» et rappellent la nécessité d'une garantie de démantèlement et d'une distance minimale de 500 mètres entre éoliennes et habitations.

 

Du côté des professionnels de la filière
Si le secteur professionnel reconnaît le bien-fondé de certains points, il dénonce la volonté de faire des grosses fermes «bien évidemment beaucoup plus difficiles à envisager que des petites», souligne Le Figaro. Les installateurs contestent également l'opposabilité des schémas régionaux, alors même que ces derniers, de qualité très variable, ne répondent à aucun cahier des charges. Mais, surtout, ils sont très inquiets du fait que le rapport n'évoque quasiment pas la question de l'emploi.
Les professionnels sont persuadés qu'il existe un immense potentiel notamment en reconversion pour les secteurs de la fonderie, de l'aéronautique ou de la métallurgie. Pour André Antolini, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), «l'exemple du Portugal, qui a su créer des milliers d'emplois en quelques années, est à suivre. Plus d'une centaine d'entreprises du territoire sont prêtes et ont le savoir-faire nécessaire. Mais même s'il y a des promesses à l'export, il faut qu'il y ait un marché intérieur. Il y a tout de même environ 50.000 emplois à la clé !», déclare André Antolini, selon Le Figaro.

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