Suite à la présentation des huit projets d'aéroports, les élus locaux ont manifesté leur mécontentement et leurs craintes. Deux sites semblent privilégiés.

La saturation prévue de l'actuel aéroport de Toulouse-Blagnac pousse à la création d'un nouveau site. Mais les riverains et les élus locaux font front contre les conclusions des études menées par Aéroports de Paris Ingénierie (ADP.I).

Ainsi, la présentation faite hier par le préfet de la région Midi-Pyrénées, Hubert Fournier, a suscité des débats houleux. Les maires des communes concernées annonçaient à l'issue de la réunion que " la résistance s'organise pour faire respecter les choix de développement et la qualité de vie de nos citoyens."

Le président du conseil général de Haute-Garonne, Pierre Izard (PS) prévenait : " Toutes ces études sont des faire-valoir au nouvel aéroport, ne tournons pas autours du pot, on nous proposera Vacquiers ou Fronton, mais nous défendrons les populations. "

De fait, si les études menées par ADP.I, BIPE, Imtrans et Ienair laissent encore officiellement le choix entre huit sites, quatre apparaissent comme les propositions les plus sérieuses, et finalement deux concentrent toute l'attention des décideurs.

Les sites favoris, Fronton et Vacquiers, présentent les intérêts conjugués de la proximité et de la faible densité de population. Mais ces deux villes sont au coeur du vignoble AOC du Frontonnais, et les habitants ont déjà constitué un collectif " Pas d'aéroport à Fronton ".

Des études " pas honnêtes "

Dans le débat qui se prépare, il y quelque chose de plus que la traditionnelle opposition des riverains à la construction d'un aéroport, comme ce fut le cas récemment dans la Somme. Des éléments propres à la régions entrent en jeu, qui font qualifier les études de " pas honnêtes " par les élus locaux.

En effet, au départ, il s'agissait de doubler l'actuel site de Blagnac, dont le trafic a augmenté de 25% en cinq ans, passant à 5,337 millions de passagers en 2002. Hors, cet aéroports est situé à seulement huit kilomètres du centre ville de Toulouse et est coincé entre des zones d'habitations et le site de construction d'Airbus pour le futur A380

Et Airbus laisse entendre qu'il voudrait réserver l'aéroport de Blagnac pour ses essais. Ce qui renforce la ligne de position de ceux qui sont favorables à la création de toutes pièces d'un nouveau site, à commencer par les professionnels de l'aviation civile.

" On avait lancé des études sur la perspective d'un deuxième aéroport soulageant Blagnac, on nous prépare un monstre qui remplacera purement et simplement Blagnac, réservé alors aux activités industrielles d'Airbus ", a résumé Pierre Izard, en promettant un " débat la semaine prochaine au conseil général ".

L'hypothèse d'un grand aéroport du Sud-Ouest, placé à mi-chemin entre Bordeaux-Mérignac et Toulouse-Blagnac est aussi rejetée au motif qu'un seul site serait envisageable, et que la desserte, trop longue, serait contre-productive. Certains veulent pourtant croire en un développement du TGV et à la possibilité de rejoindre en une demi-heure un tel aéroport depuis chacune des deux villes.

De son côté, Hubert Fournier promet des études complémentaires et espère que " les prochains mois vont permettre de discuter pour dégager un large consensus " en vue du débat public prévu pour 2004. Mais il avertit : " Qu'on ne dise pas dans quinze ans : 'Si on y avait pensé plus tôt' ".

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