Plus de 1 000 représentants élus des Chambres de métiers ont battu le pavé devant le ministère de l'Economie et des Finances, à Paris, le 4 décembre dernier. L'inquiétude est croissante concernant la dégradation des conditions de travail des Chambres de métiers.

"Il y a un cumul d'insatisfaction des représentants de l'artisanat et de ses élus, déplore Alain Griset, président de l'Assemblée permanente des Chambres de métiers. On constate que, par rapport au poids économique que représente l'artisanat, les mesures financières attendues ne sont pas à la hauteur." Montré du doigt, le projet de loi de Finances pour 2002 a déçu. " 0,027 % du budget pour l'artisanat, ce n'est plus acceptable ! ", poursuit Alain Griset.

Manque de financement

Les Chambres de métiers estiment qu'elles n'ont plus les moyens d'assumer leurs missions. Elles redoutent la remise en cause des Centres de formalités et des stages de préparation à l'installation, la baisse du financement de l'animation économique et la disparition des fonds d'assurance formation au profit d'une gestion centralisée. Elles demandent que leur soient octroyés les moyens d'accompagner le développement économique des entreprises artisanales. Elles dénoncent ainsi le " hold-up " de l'Etat de 700 millions de francs sur la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat. Responsables de la gestion des CFA, elles exigent un financement réaliste de l'apprentissage par l'Etat : la loi de modernisation sociale prévoit la subvention de chaque apprenti à hauteur de 13 000 francs par an, alors que le coût moyen est supérieur à 20 000 F.

Face à ces attentes, Bercy a observé le plus strict silence. Un silence qui a eu le don de provoquer la colère des manifestants : " L'attitude de Bercy montre le mépris de l'administration envers l'artisanat, a résumé Alain Griset. Nous repartirons ce soir sans avoir obtenu satisfaction, mais il faut que chacun soit bien conscient que nous sommes aujourd'hui près de 1 000 et que si demain il le faut, nous serons 15 000 ou 20 000 " a conclu le président de l'APCM avant d'inviter les manifestants à se séparer. Sur l'une des banderoles, un slogan indiquait : " Mars 2002 : les artisans s'en souviendront !"

Diane Valranges


Le Sénat jette un pavé dans la mare

" Déception " et " inquiétude " sont les deux mots choisis par le rapporteur de la Commission des Finances du Sénat, Auguste Cazalet, pour évoquer le budget consacré au secrétariat d'Etat aux PME, au Commerce et à l'Artisanat - en baisse de 3,1 % - dans le projet de loi de Finances pour 2002. " Cette baisse va à l'encontre du signal fort que doit représenter le projet de loi d'orientation vis-à-vis des petites entreprises. Il est de plus probable que les dispositions que celui-ci contiendra ne pourront dès lors pas être financées en 2002 " annonce-t-il en préambule. Le rapport dénonce en outre, " la facilité avec laquelle le gouvernement puise dans les excédents de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat pour couvrir ses besoins budgétaires " : 481 millions d'euros (3,2 milliards de francs) depuis 10 ans. Dans une seconde partie, le rapport met l'accent sur la vitalité mais aussi la fragilité des petites entreprises, qui doit aboutir, selon lui, à quatre priorités : " la formation des acteurs, le financement des entreprises, l'accompagnement des entrepreneurs et la simplification des formalités ". Le rapporteur s'étonne notamment de la désaffection des prêts bonifiés à l'artisanat, dont l'enveloppe pour l'année 2000 n'a été consommée qu'à 53 %. Il désapprouve l'exclusion des TPE des mécanismes de crédit bancaire, malgré la garantie Sofaris qui permet aux banques de se protéger contre les risques de défaillance. Il salue la simplification administrative, réalisée par le biais de la dématérialisation des procédures, mais estime qu'il convient au préalable de " fournir un effort important de sensibilisation, de formation et d'incitation à l'équipement informatique ".

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